TENDANCE - Mais qu'est-ce que je mets sur ma tête? Je me suis souvent posé cette question dans la douche au moment du shampoing et de l'après-shampoing. Tous ces ingrédients aux noms barbares et à l'utilité obscure pour la profane que je suis, m'ont toujours un peu inquiété. Et ce n'est pas la mention "sans paraben", en majuscule et en rouge, qui allait y changer quelque chose.
Sans être une ayatollah du bio, ni même une adepte, je me suis penchée une fois ou deux sur les shampoings "bio" en me disant que ce serait peut-être une alternative aux produits habituels. Problèmes: le prix et le fait de ne pas pouvoir le trouver dans le supermarché du coin m'ont rapidement détourné de cette option.
Ceux qui ne se lavent plus les cheveux (enfin presque)
Laissant tomber ma lubie, j'ai continué à utiliser du shampoing classique sans trop y penser. Jusqu'au jour où, à force de clics vagabonds sur le web, je suis tombée sur la tendance du "no-poo". Abréviation de "no-shampoo", ce mouvement parti des États-Unis préconise l'abandon du shampoing du commerce. QUOI? Ça veut dire qu'il y a des personnes qui ne se lavent plus les cheveux? Jamais?
A la fois intriguée et perplexe face à ce concept, j'ai poussé un peu les recherches pour comprendre de quoi il s'agit. Pour résumer, les no-poo abandonnent le shampoing classique accusé d'être trop toxique pour, soit ne se laver les cheveux qu'à l'eau claire pour les plus radicaux, soit utiliser des recettes alternatives naturelles. Une méthode censée par ailleurs rendre les cheveux plus beaux. Vu comme ça, ça ne vend pas du rêve.
Avec la rédaction du HuffPost, on s'est dit que le meilleur moyen de savoir si ça marchait, c'était de tester. Et c'est moi qui m'y collerai, évidemment. D'abord emballée par cette idée, entre mes interrogations et les ricanements des collègues, je me suis vite demandée dans quelle galère je m'étais embarquée. Cheveux gras? Odeurs? Pellicules? Autant de désagréments peu ragoûtants qui m'attendaient au tournant? Rien que d'y penser...
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Bon, relevons les manches, et attaquons-nous au problème: comment nettoyer ses cheveux sans shampoing, sans après-shampoing et sans mousse pour les boucles? Pour réaliser cette expérience, il a fallu fouiller dans les blogs pour tomber sur un mode d'emploi. Celui d'Antigone XXI m'a semblé le plus complet.
Je n'ai pas tout suivi à la lettre mais globalement j'ai respecté le déroulé des opérations. D'ailleurs quand on essaye le no-poo, mieux vaut ne pas chercher à respecter scrupuleusement une règle mais plutôt adapter les choses en fonction de ses habitudes et de la réaction de ses cheveux.
D'abord, on commence par espacer ses shampoings classiques pour arriver à un shampoing par semaine. Oui, au début c'est dur. Oui, au début c'est gras. Petite consolation: aucune odeur de fond de friteuse.
Cette première phase terminée, les choses sérieuses commencent. Fini le shampoing et ses bulles, bonjour recettes maison. Là encore, le web regorge de mixtures et d'astuces. Dur de faire son choix. Le seul moyen est de tester et de voir ce qui est le mieux adapté pour soi. Une même recette ne va en effet sans doute pas convenir à une personne aux cheveux secs et une autre aux racines grasses.
Et qui dit test, dit parfois accident. Le lait de coco (oui, celui que vous mettez dans votre poulet) par exemple est conseillé en masque pour hydrater. Sauf qu'il vaut mieux éviter d'en mettre aux racines sous peine de ressembler à un cornet de frite suintant (dans ce cas, seul un vrai shampoing permet un retour à la normale). Ou encore, si vous utilisez un shampoing à base d'œufs, ne vous rincez pas les cheveux à l'eau chaude. Sinon vous finirez avec une omelette sur la tête.
Après presque trois mois à ce régime, (en alternant un shampoing aux œufs et un autre au vinaigre de cidre, voir diaporama à la fin de l'article), je dois dire que le résultat est plutôt satisfaisant (alors que j'étais vraiment sceptique). Certes, il a fallu dire adieu à la mousse et à l'odeur du shampoing traditionnel. Mais les cheveux ne graissent plus aussi vite (de deux à trois shampoings par semaine, je suis passée à un seul), les boucles sont mieux dessinées et le volume est de retour. Et surtout, c'est moins de temps passé (perdu!) dans la salle de bain.
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Ok, ça marche plutôt bien sur mes cheveux, ok, ce sont des produits naturels, mais est-ce que ça veut dire pour autant que c'est bon pour mes cheveux et mon cuir chevelu? Et le shampoing de mon supermarché, il est vraiment si toxique que ça? Malgré les résultats, j'avais quand même envie d'avoir l'avis d'un professionnel. Et ça n'a pas été une mince affaire, car beaucoup de dermatologues n'ont jamais entendu parler de ce phénomène.
Ce n'est pas le cas du Dr Didier Coustou, dermatologue qui exerce à Toulouse, dont certaines patientes l'avaient interrogé à ce propos. Alors qu'en pense-t-il de cette mode du "no-poo"? "Ce qu'il faut rappeler en premier lieu, c'est qu'il s'agit d'une tendance et comme dans toute tendance, il peut y avoir un aspect déraisonnable. Laver uniquement ses cheveux à l'eau par exemple, ça pose des questions d'hygiène. La pollution se nettoie bien mieux avec des agents. Sans compter que l'eau du robinet n'est pas exempte d'éléments comme le calcaire", explique-t-il.
"Mais c'est une tendance intéressante parce qu'elle a le mérite de générer une prise de conscience sur ce à quoi nous sommes exposés tous les jours", poursuit-il rappelant que la médiatisation autour des effets des parabens, des phtalates et autres silicones a pu aider le "no-poo" à se propager. "On est dans trop d'hygiène aujourd'hui, c'est certain. On a une phobie des microbes, mais on en a besoin. Comme il y a une flore intestinale dans le tube digestif, il y a des microbes nécessaires au bon fonctionnement du cuir chevelu", souligne-t-il encore.
En France, une réglementation stricte sur les cosmétiques
Concernant les shampoings du commerce, il estime qu'effectivement certains ne sont pas toujours adaptés. "Il y a des shampoings qui sont très agressifs, c'est vrai. Globalement, dans tous les produits du quotidien, il y a des produits chimiques qui ne sont pas bons pour l'organisme. Il faudrait que les fabricants aient plus tendance à éliminer les produits inutiles. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes en France, un des pays les plus stricts en termes de réglementations des éléments chimiques et de leur danger", rappelle Didier Coustou qui se veut rassurant.
Et les produits utilisés par les "no-poo" comme le bicarbonate de soude ou le vinaigre de cidre, bons ou mauvais pour notre petite tête? "Il faut faire attention à la fréquence à laquelle on les utilise", explique notre spécialiste. Un avis partagé par Antoine Toulon, un dermatologue interrogé par le magazine Elle.
"Le bicarbonate utilisé dans cette technique permet effectivement d'éliminer le sébum des cheveux mais une utilisation trop importante est source d'irritation du cuir chevelu et parfois de décoloration du fait de son pH élevé et un effet rebond peut être constaté rendant les cheveux alors plus gras. Le vinaigre de cidre, faisant office d'adoucisseur en cas de cheveux sec va également agresser le cuir chevelu", détaille-t-il.
Par ailleurs, le "no-poo" n'est pas recommandé à tous, notamment aux personnes ayant des maladies de peau comme le psoriasis ou la dermite séborrhéique. "Il y a des personnes pour lesquelles certains shampoings de pharmacie et prescrits sur ordonnance agissent comme des médicaments", rappelle de son côté Didier Coustou.
"Être raisonnable"
S'il y a du bon et du mauvais dans les deux manières de se laver les cheveux, que faire? "Être raisonnable avant tout", commente le Dr Coustou. Pas besoin de se laver les cheveux tous les jours par exemple. A l'inverse, mieux vaut ne pas les rincer uniquement à l'eau sur le long terme.
"Il faut essayer d'utiliser les shampoings les moins chimiques possibles, avec le moins de conservateurs", rajoute le dermatologue. D'ailleurs, c'est ce que font les adeptes du "low-poo", une version plus souple des "no-poo". Attention toutefois à la mention "bio" sur certains shampoings, car comme le rappelle le Dr Coustou "il y a toujours des choses moyennement bio dans ces produits". Enfin, il est possible d'alterner avec des méthodes naturelles qu'il faut tester au préalable pour voir si elles sont adaptées à son cuir chevelu.
Ça vous paraît complexe? Ça l'est bien moins que d'essayer d'expliquer à son entourage que pendant trois mois on a laissé son shampoing au placard.
Quelques ingrédients utilisés par les "no-poo" à découvrir dans le diaporama ci-dessous:
Sans être une ayatollah du bio, ni même une adepte, je me suis penchée une fois ou deux sur les shampoings "bio" en me disant que ce serait peut-être une alternative aux produits habituels. Problèmes: le prix et le fait de ne pas pouvoir le trouver dans le supermarché du coin m'ont rapidement détourné de cette option.
Ceux qui ne se lavent plus les cheveux (enfin presque)
Laissant tomber ma lubie, j'ai continué à utiliser du shampoing classique sans trop y penser. Jusqu'au jour où, à force de clics vagabonds sur le web, je suis tombée sur la tendance du "no-poo". Abréviation de "no-shampoo", ce mouvement parti des États-Unis préconise l'abandon du shampoing du commerce. QUOI? Ça veut dire qu'il y a des personnes qui ne se lavent plus les cheveux? Jamais?
A la fois intriguée et perplexe face à ce concept, j'ai poussé un peu les recherches pour comprendre de quoi il s'agit. Pour résumer, les no-poo abandonnent le shampoing classique accusé d'être trop toxique pour, soit ne se laver les cheveux qu'à l'eau claire pour les plus radicaux, soit utiliser des recettes alternatives naturelles. Une méthode censée par ailleurs rendre les cheveux plus beaux. Vu comme ça, ça ne vend pas du rêve.
Avec la rédaction du HuffPost, on s'est dit que le meilleur moyen de savoir si ça marchait, c'était de tester. Et c'est moi qui m'y collerai, évidemment. D'abord emballée par cette idée, entre mes interrogations et les ricanements des collègues, je me suis vite demandée dans quelle galère je m'étais embarquée. Cheveux gras? Odeurs? Pellicules? Autant de désagréments peu ragoûtants qui m'attendaient au tournant? Rien que d'y penser...

Bon, relevons les manches, et attaquons-nous au problème: comment nettoyer ses cheveux sans shampoing, sans après-shampoing et sans mousse pour les boucles? Pour réaliser cette expérience, il a fallu fouiller dans les blogs pour tomber sur un mode d'emploi. Celui d'Antigone XXI m'a semblé le plus complet.
Je n'ai pas tout suivi à la lettre mais globalement j'ai respecté le déroulé des opérations. D'ailleurs quand on essaye le no-poo, mieux vaut ne pas chercher à respecter scrupuleusement une règle mais plutôt adapter les choses en fonction de ses habitudes et de la réaction de ses cheveux.
D'abord, on commence par espacer ses shampoings classiques pour arriver à un shampoing par semaine. Oui, au début c'est dur. Oui, au début c'est gras. Petite consolation: aucune odeur de fond de friteuse.
Cette première phase terminée, les choses sérieuses commencent. Fini le shampoing et ses bulles, bonjour recettes maison. Là encore, le web regorge de mixtures et d'astuces. Dur de faire son choix. Le seul moyen est de tester et de voir ce qui est le mieux adapté pour soi. Une même recette ne va en effet sans doute pas convenir à une personne aux cheveux secs et une autre aux racines grasses.
Et qui dit test, dit parfois accident. Le lait de coco (oui, celui que vous mettez dans votre poulet) par exemple est conseillé en masque pour hydrater. Sauf qu'il vaut mieux éviter d'en mettre aux racines sous peine de ressembler à un cornet de frite suintant (dans ce cas, seul un vrai shampoing permet un retour à la normale). Ou encore, si vous utilisez un shampoing à base d'œufs, ne vous rincez pas les cheveux à l'eau chaude. Sinon vous finirez avec une omelette sur la tête.
Après presque trois mois à ce régime, (en alternant un shampoing aux œufs et un autre au vinaigre de cidre, voir diaporama à la fin de l'article), je dois dire que le résultat est plutôt satisfaisant (alors que j'étais vraiment sceptique). Certes, il a fallu dire adieu à la mousse et à l'odeur du shampoing traditionnel. Mais les cheveux ne graissent plus aussi vite (de deux à trois shampoings par semaine, je suis passée à un seul), les boucles sont mieux dessinées et le volume est de retour. Et surtout, c'est moins de temps passé (perdu!) dans la salle de bain.

Ok, ça marche plutôt bien sur mes cheveux, ok, ce sont des produits naturels, mais est-ce que ça veut dire pour autant que c'est bon pour mes cheveux et mon cuir chevelu? Et le shampoing de mon supermarché, il est vraiment si toxique que ça? Malgré les résultats, j'avais quand même envie d'avoir l'avis d'un professionnel. Et ça n'a pas été une mince affaire, car beaucoup de dermatologues n'ont jamais entendu parler de ce phénomène.
Ce n'est pas le cas du Dr Didier Coustou, dermatologue qui exerce à Toulouse, dont certaines patientes l'avaient interrogé à ce propos. Alors qu'en pense-t-il de cette mode du "no-poo"? "Ce qu'il faut rappeler en premier lieu, c'est qu'il s'agit d'une tendance et comme dans toute tendance, il peut y avoir un aspect déraisonnable. Laver uniquement ses cheveux à l'eau par exemple, ça pose des questions d'hygiène. La pollution se nettoie bien mieux avec des agents. Sans compter que l'eau du robinet n'est pas exempte d'éléments comme le calcaire", explique-t-il.
"Mais c'est une tendance intéressante parce qu'elle a le mérite de générer une prise de conscience sur ce à quoi nous sommes exposés tous les jours", poursuit-il rappelant que la médiatisation autour des effets des parabens, des phtalates et autres silicones a pu aider le "no-poo" à se propager. "On est dans trop d'hygiène aujourd'hui, c'est certain. On a une phobie des microbes, mais on en a besoin. Comme il y a une flore intestinale dans le tube digestif, il y a des microbes nécessaires au bon fonctionnement du cuir chevelu", souligne-t-il encore.
En France, une réglementation stricte sur les cosmétiques
Concernant les shampoings du commerce, il estime qu'effectivement certains ne sont pas toujours adaptés. "Il y a des shampoings qui sont très agressifs, c'est vrai. Globalement, dans tous les produits du quotidien, il y a des produits chimiques qui ne sont pas bons pour l'organisme. Il faudrait que les fabricants aient plus tendance à éliminer les produits inutiles. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes en France, un des pays les plus stricts en termes de réglementations des éléments chimiques et de leur danger", rappelle Didier Coustou qui se veut rassurant.
Et les produits utilisés par les "no-poo" comme le bicarbonate de soude ou le vinaigre de cidre, bons ou mauvais pour notre petite tête? "Il faut faire attention à la fréquence à laquelle on les utilise", explique notre spécialiste. Un avis partagé par Antoine Toulon, un dermatologue interrogé par le magazine Elle.
"Le bicarbonate utilisé dans cette technique permet effectivement d'éliminer le sébum des cheveux mais une utilisation trop importante est source d'irritation du cuir chevelu et parfois de décoloration du fait de son pH élevé et un effet rebond peut être constaté rendant les cheveux alors plus gras. Le vinaigre de cidre, faisant office d'adoucisseur en cas de cheveux sec va également agresser le cuir chevelu", détaille-t-il.
Par ailleurs, le "no-poo" n'est pas recommandé à tous, notamment aux personnes ayant des maladies de peau comme le psoriasis ou la dermite séborrhéique. "Il y a des personnes pour lesquelles certains shampoings de pharmacie et prescrits sur ordonnance agissent comme des médicaments", rappelle de son côté Didier Coustou.
"Être raisonnable"
S'il y a du bon et du mauvais dans les deux manières de se laver les cheveux, que faire? "Être raisonnable avant tout", commente le Dr Coustou. Pas besoin de se laver les cheveux tous les jours par exemple. A l'inverse, mieux vaut ne pas les rincer uniquement à l'eau sur le long terme.
"Il faut essayer d'utiliser les shampoings les moins chimiques possibles, avec le moins de conservateurs", rajoute le dermatologue. D'ailleurs, c'est ce que font les adeptes du "low-poo", une version plus souple des "no-poo". Attention toutefois à la mention "bio" sur certains shampoings, car comme le rappelle le Dr Coustou "il y a toujours des choses moyennement bio dans ces produits". Enfin, il est possible d'alterner avec des méthodes naturelles qu'il faut tester au préalable pour voir si elles sont adaptées à son cuir chevelu.
Ça vous paraît complexe? Ça l'est bien moins que d'essayer d'expliquer à son entourage que pendant trois mois on a laissé son shampoing au placard.
Quelques ingrédients utilisés par les "no-poo" à découvrir dans le diaporama ci-dessous:
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