Est-ce qu'un couple de majeurs hétérosexuels peut être interdit de mariage? Eric Holder et Elisabeth Lorentz viennent d'en faire l'expérience, le procureur du tribunal de grande instance de Metz leur ayant interdit de s'unir officiellement. Il ne s'agit ni d'un cas de bigamie, ni d'une suspicion de mariage blanc. L'obstacle, c'est leur lien d'alliance.
Suivez-moi bien: Eric est le fils d'une première union de l'ex-mari d'Elisabeth. Autrement dit, Eric est le beau-fils d'Elisabeth. Son père et sa belle-mère ont eu une fille dont il est le demi-frère et le beau-père depuis qu'il a pris la place de son père dans le lit de sa belle-mère. Si Eric, qui a déjà un enfant, et Elisabeth ont ensemble un autre enfant, la confusion sera à son comble: sa demi-sœur sera aussi la demi-sœur de son père et son grand-père paternel, le père de sa demi-sœur. Pour défendre leur cause et obtenir une improbable dispense du président de la République, le couple met en avant bien entendu qu'ils s'aiment, qu'ils ont à peu près le même âge et aucun lien de sang semblant ignorer que l'alliance résultant du mariage fait de chacun des époux un allié de ceux qui ont un lien de parenté direct avec l'autre. Or ce lien perdure même après divorce ou veuvage: les divorcés ou veufs ne peuvent épouser ni un enfant de leur ex-conjoint, ni un des parents de leur ex-conjoint.
On ne peut pas non plus se marier entre ascendants et descendants, entre un frère et une sœur ou deux frères et deux sœurs mais également entre demi-frères et demi sœurs, entre un oncle ou une tante et une nièce et un neveu. De même pour l'adoption: en cas d'adoption plénière, les règles sont les mêmes que pour les liens de parenté biologiques. Ce qui montre que les places générationnelles comptent autant que la consanguinité.
Les anthropologues nous ont appris que toutes les sociétés humaines, aussi diverses soient-elles, régulent l'alliance entre les hommes et les femmes par des règles strictes susceptibles de varier selon l'époque, les croyances, la politique voire des considérations démographiques.
L'exemple de ce couple montre que les prohibitions au mariage qui datent du temps où le mariage était le seul cadre légal pour la filiation ont pour but certes l'exogamie mais aussi la protection des places générationnelles pour la filiation car l'inceste, même s'il n'est pas nommé comme tel dans le code civil a des répercussions sur toute la famille. Dans le cas qui nous occupe, la mise en rivalité sexuelle du père et du fils qui se partagent successivement la même femme est aussi interdite que le rapport sexuel entre consanguins comme dans l'inceste père-fille. Il est toutefois intéressant de noter que l'inceste entre personnes majeures et consentantes, même s'il est réprouvé socialement, n'est pas un délit. Mais l'interdiction du mariage en raison d'un lien d'alliance ou de parenté direct est là pour protéger les alliés et la descendance de la confusion des places avec son cortège de malheurs, de rivalités invivables et d'identités impossibles.
Suivez-moi bien: Eric est le fils d'une première union de l'ex-mari d'Elisabeth. Autrement dit, Eric est le beau-fils d'Elisabeth. Son père et sa belle-mère ont eu une fille dont il est le demi-frère et le beau-père depuis qu'il a pris la place de son père dans le lit de sa belle-mère. Si Eric, qui a déjà un enfant, et Elisabeth ont ensemble un autre enfant, la confusion sera à son comble: sa demi-sœur sera aussi la demi-sœur de son père et son grand-père paternel, le père de sa demi-sœur. Pour défendre leur cause et obtenir une improbable dispense du président de la République, le couple met en avant bien entendu qu'ils s'aiment, qu'ils ont à peu près le même âge et aucun lien de sang semblant ignorer que l'alliance résultant du mariage fait de chacun des époux un allié de ceux qui ont un lien de parenté direct avec l'autre. Or ce lien perdure même après divorce ou veuvage: les divorcés ou veufs ne peuvent épouser ni un enfant de leur ex-conjoint, ni un des parents de leur ex-conjoint.
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On ne peut pas non plus se marier entre ascendants et descendants, entre un frère et une sœur ou deux frères et deux sœurs mais également entre demi-frères et demi sœurs, entre un oncle ou une tante et une nièce et un neveu. De même pour l'adoption: en cas d'adoption plénière, les règles sont les mêmes que pour les liens de parenté biologiques. Ce qui montre que les places générationnelles comptent autant que la consanguinité.
Les anthropologues nous ont appris que toutes les sociétés humaines, aussi diverses soient-elles, régulent l'alliance entre les hommes et les femmes par des règles strictes susceptibles de varier selon l'époque, les croyances, la politique voire des considérations démographiques.
L'exemple de ce couple montre que les prohibitions au mariage qui datent du temps où le mariage était le seul cadre légal pour la filiation ont pour but certes l'exogamie mais aussi la protection des places générationnelles pour la filiation car l'inceste, même s'il n'est pas nommé comme tel dans le code civil a des répercussions sur toute la famille. Dans le cas qui nous occupe, la mise en rivalité sexuelle du père et du fils qui se partagent successivement la même femme est aussi interdite que le rapport sexuel entre consanguins comme dans l'inceste père-fille. Il est toutefois intéressant de noter que l'inceste entre personnes majeures et consentantes, même s'il est réprouvé socialement, n'est pas un délit. Mais l'interdiction du mariage en raison d'un lien d'alliance ou de parenté direct est là pour protéger les alliés et la descendance de la confusion des places avec son cortège de malheurs, de rivalités invivables et d'identités impossibles.
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