Ce texte est extrait du livre Journal de bord d'une détenue, écrit par Josina Godelet, écrouée trois mois à la prison de Sequedin.
Il est 19 heures, ma joie et mon courage sont tombés en m'abrutissant de films, la morosité revient, ma famille me manque et le rituel du canapé, ici une seule chaise en plastique pour tout confort.
Je regarde Sept à huit sur TF1, on y diffuse un reportage sur cette fille qui a fait croire que sa fille avait disparu. Et qui en fait était morte, enterrée en Belgique avec l'aide de son compagnon. Je me dis que j'ai déjà vu ce visage quelque part...
La cellule s'ouvre, le repas, et à côte de la surveillante, j'aperçois l'auxiliaire d'étage qui me tend mon repas et la reconnais, la fille au plateau et la fille de la télé, c'est elle, Anne-Sophie Faucheur, devant moi!
"Bonsoir, bon appétit.
_ Je n'ai plus faim... "
Le plus hallucinant, c'est qu'elle ne croupit pas dans une cellule, elle travaille, a plein d'avantages que je n'ai pas, moi qui n'ai que falsifié quelques chèques, je suis dans la fosse aux lions.
En prison, le plus dur n'est pas d'être enfermée, on le sait, on assume; le plus dur, c'est les petits plaisirs qui sont promis et que l'on oublie de nous octroyer, par négligence ou par simple oubli.
On garde espoir dans la nuit noire...
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