Comment parfois, le harcèlement persiste
Des enfants qui partent la boule au ventre sur le chemin de l'école aux employés qui partent la boule au ventre sur celui du travail, il n'y a pas de différence fondamentale.
La structure de la relation est la même qui fait que l'un comme l'autre sont pris dans une escalade complémentaire: ils prennent une position de plus en plus basse quand l'autre, celui avec lequel la relation est synonyme de souffrance, prend, lui, une position de plus en plus haute.
Popularité dans la cour de l'école, pouvoir dans les couloirs de l'entreprise, tels sont les enjeux de ces interactions répétitives et douloureuses.
Des enfants qui tentent de se fondre dans le décor, de tout faire pour être aimables à l'école, au collège et au lycée ou qui demandent aux adultes d'intervenir à leur place; des employés qui évitent la relation, mettent tout en œuvre pour être irréprochables dans leur quotidien professionnel et attendent que la hiérarchie rétablisse la justice, voilà les tentatives de solution souvent mises en place et qui ne fonctionnent pas forcément, voire qui parfois aggravent le problème.
Car le harcèlement ne cesse pas nécessairement une fois que la dernière sonnerie de la cour du lycée a retenti. Les enfants qui ont été harcelés et n'ont pas réussi à enrayer ce terrible cercle vicieux n'ont pas fait les apprentissages nécessaires à la vie en groupe, à la vie tout court. Démunis dans la cour, ils restent fréquemment démunis dans l'entreprise, n'opposant rien ou presque aux violences relationnelles qui continuent à leur être faites.
Qu'ils gagnent en souplesse dans leurs registres comportementaux, pour être en position basse quand la situation l'exige et en position haute quand c'est l'inverse.
Mais pour l'instant, nous tentons de faire cesser Paul, les grands de 3ème et Julie en leur faisant la morale, en les sanctionnant, en leur disant que harceler, c'est mal.
Bref, en faisant comme si Justine, Bastien et Mina étaient incompétents, comme s'ils n'avaient pas de ressources pour se défendre seuls.
Ce faisant, nous prenons le risque d'aggraver le problème puisque nous renforçons les premiers dans leur posture de rebelle et les derniers dans leur vulnérabilité. Car, pour les adolescents friands de popularité, la sanction de l'adulte est souvent un trophée de plus.
Alors que si les 3 enfants étaient capables tout à coup de décocher dans la cour, sur Facebook ou Snapchat une riposte qui modifie en une seconde la structure de la relation, peut-être que Mina, quelques années plus tard saurait comment faire pour dire stop à une chef qui lui crie dessus de façon intempestive, Bastien ne laisserait pas ce collègue "rigolo" faire des blagues stupides sur son physique et Justine, devenue enseignante parviendrait plus souplement que les autres à gérer cette classe que tout le monde traite d'irrespectueuse et de fumiste.
Une formation dédiée aux professionnels de l'enfance, dévoués mais désarmés face aux harcèlement dans la cour, que sont les infirmiers, médecins et psychologues scolaires, les CPE, chefs d'établissement et profs principaux, et qui leur permettrait d'aider les enfants démunis à se défendre dans la cour de l'école, voilà qui changerait la vie d'un enfant sur quatre en France, maintenant et pour sa vie future.
Des enfants qui partent la boule au ventre sur le chemin de l'école aux employés qui partent la boule au ventre sur celui du travail, il n'y a pas de différence fondamentale.
La structure de la relation est la même qui fait que l'un comme l'autre sont pris dans une escalade complémentaire: ils prennent une position de plus en plus basse quand l'autre, celui avec lequel la relation est synonyme de souffrance, prend, lui, une position de plus en plus haute.
Popularité dans la cour de l'école, pouvoir dans les couloirs de l'entreprise, tels sont les enjeux de ces interactions répétitives et douloureuses.
Croyance fausse mais ancrée dans les deux contextes: je n'ai pas d'impact sur la situation. C'est donc à une instance extérieure d'intervenir pour que le harcèlement s'arrête
Des enfants qui tentent de se fondre dans le décor, de tout faire pour être aimables à l'école, au collège et au lycée ou qui demandent aux adultes d'intervenir à leur place; des employés qui évitent la relation, mettent tout en œuvre pour être irréprochables dans leur quotidien professionnel et attendent que la hiérarchie rétablisse la justice, voilà les tentatives de solution souvent mises en place et qui ne fonctionnent pas forcément, voire qui parfois aggravent le problème.
Car le harcèlement ne cesse pas nécessairement une fois que la dernière sonnerie de la cour du lycée a retenti. Les enfants qui ont été harcelés et n'ont pas réussi à enrayer ce terrible cercle vicieux n'ont pas fait les apprentissages nécessaires à la vie en groupe, à la vie tout court. Démunis dans la cour, ils restent fréquemment démunis dans l'entreprise, n'opposant rien ou presque aux violences relationnelles qui continuent à leur être faites.
Il est donc urgent que nous outillions nos enfants pour qu'ils gagnent en compétences dans ce domaine particulier qu'est la relation
Qu'ils gagnent en souplesse dans leurs registres comportementaux, pour être en position basse quand la situation l'exige et en position haute quand c'est l'inverse.
- En expliquant à Justine comment elle peut faire en sorte que le groupe de courtisans mené par Paul ne l'appelle plus Zlatane.
- Et à Bastien comment il peut renvoyer en boomerang leurs cruels quolibets aux grands de 3ème qui le traitent de gros dans les vestiaires
- Et à Mina comment elle peut s'extraire de cette relation avec Julie qui l'humilie quotidiennement.
Mais pour l'instant, nous tentons de faire cesser Paul, les grands de 3ème et Julie en leur faisant la morale, en les sanctionnant, en leur disant que harceler, c'est mal.
Bref, en faisant comme si Justine, Bastien et Mina étaient incompétents, comme s'ils n'avaient pas de ressources pour se défendre seuls.
Ce faisant, nous prenons le risque d'aggraver le problème puisque nous renforçons les premiers dans leur posture de rebelle et les derniers dans leur vulnérabilité. Car, pour les adolescents friands de popularité, la sanction de l'adulte est souvent un trophée de plus.
Alors que si les 3 enfants étaient capables tout à coup de décocher dans la cour, sur Facebook ou Snapchat une riposte qui modifie en une seconde la structure de la relation, peut-être que Mina, quelques années plus tard saurait comment faire pour dire stop à une chef qui lui crie dessus de façon intempestive, Bastien ne laisserait pas ce collègue "rigolo" faire des blagues stupides sur son physique et Justine, devenue enseignante parviendrait plus souplement que les autres à gérer cette classe que tout le monde traite d'irrespectueuse et de fumiste.
Une formation dédiée aux professionnels de l'enfance, dévoués mais désarmés face aux harcèlement dans la cour, que sont les infirmiers, médecins et psychologues scolaires, les CPE, chefs d'établissement et profs principaux, et qui leur permettrait d'aider les enfants démunis à se défendre dans la cour de l'école, voilà qui changerait la vie d'un enfant sur quatre en France, maintenant et pour sa vie future.
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