Envie de geindre? De dénoncer les turpitudes que l'on subit toute la journée au boulot? De dire pis que pendre de Manu qui nous les brise menu, de Roger qui n'en fout pas une toute la sainte journée ou de Frénégonde qui a des idées moyenâgeuses?
Désormais, à Pékin, c'est simple comme un coup de fil à notre copine ou copain virtuel(lle). À celui qu'on rémunère pour compatir. Le géant du Web chinois Taobao a inventé l'oreille attentive payante à qui l'on peut se plaindre pour 3 à 5 dollars le coup de fil empathique.
Au seul énoncé de ce nouveau service, le cortège des pleureurs(ses) de la vraie vie comme avant, se drape dans sa toge de dignité et de valeurs humaines. En hurlant à la prostitution sentimentale.
Tout doux les procureurs!
Évidemment, c'est mieux d'avoir son petit cercle de potes et potesses de bureau. Avec elles et eux, on peut baver sans risque de les ennuyer puisqu'ils ont généralement les mêmes ennemis que nous. Mais de l'autre côté du miroir? À l'extérieur de l'entreprise?
Lorsqu'on pousse la porte de chez soi, que l'on déballe nos grands malheurs à notre conjoint qui ne connaît ni Manu, ni Frénégonde? Alors bien sûr, il(elle) écoute d'une oreille polie et compatissante, se met en mode de réponse automatique, ponctuant nos salves, d'un "je comprends", ou d'un très efficace "c'est pas possible". Parfois, le conjoint tentera de livrer des solutions à des problèmes sans en avoir les énoncés dans leur globalité. Il réagira aussi bien, mais pas mieux que les oreilles rémunérées de Taobao. Tout ça, parce qu'il nous aime et veut à tout prix nous aider. Mais est-ce vraiment son rôle? Va-t-il tenir longtemps face à la boule de plaintes qui lui fait face?
On peut regretter la pécuniarisation de tout, et l'intime qui ne l'est plus. On peut jeter le bébé et l'eau de son bain, le psy que l'on paie rubis sur l'ongle, les réseaux sociaux et ses amis pour de faux. L'écoute payante de nos petits malheurs de boulot n'est qu'un épisode de plus dans l'énième saison d'une série qui a démarré depuis quelques temps déjà.
Si l'oreille empathique tarifée n'est pas la panacée, il reste une solution pour arrêter les jérémiades et tarir la source de vos insatisfactions chroniques: changer d'employeur, postuler ailleurs. Allez, on est sympa, on vous montre le chemin.
Désormais, à Pékin, c'est simple comme un coup de fil à notre copine ou copain virtuel(lle). À celui qu'on rémunère pour compatir. Le géant du Web chinois Taobao a inventé l'oreille attentive payante à qui l'on peut se plaindre pour 3 à 5 dollars le coup de fil empathique.
Au seul énoncé de ce nouveau service, le cortège des pleureurs(ses) de la vraie vie comme avant, se drape dans sa toge de dignité et de valeurs humaines. En hurlant à la prostitution sentimentale.
Tout doux les procureurs!
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Évidemment, c'est mieux d'avoir son petit cercle de potes et potesses de bureau. Avec elles et eux, on peut baver sans risque de les ennuyer puisqu'ils ont généralement les mêmes ennemis que nous. Mais de l'autre côté du miroir? À l'extérieur de l'entreprise?
Lorsqu'on pousse la porte de chez soi, que l'on déballe nos grands malheurs à notre conjoint qui ne connaît ni Manu, ni Frénégonde? Alors bien sûr, il(elle) écoute d'une oreille polie et compatissante, se met en mode de réponse automatique, ponctuant nos salves, d'un "je comprends", ou d'un très efficace "c'est pas possible". Parfois, le conjoint tentera de livrer des solutions à des problèmes sans en avoir les énoncés dans leur globalité. Il réagira aussi bien, mais pas mieux que les oreilles rémunérées de Taobao. Tout ça, parce qu'il nous aime et veut à tout prix nous aider. Mais est-ce vraiment son rôle? Va-t-il tenir longtemps face à la boule de plaintes qui lui fait face?
On peut regretter la pécuniarisation de tout, et l'intime qui ne l'est plus. On peut jeter le bébé et l'eau de son bain, le psy que l'on paie rubis sur l'ongle, les réseaux sociaux et ses amis pour de faux. L'écoute payante de nos petits malheurs de boulot n'est qu'un épisode de plus dans l'énième saison d'une série qui a démarré depuis quelques temps déjà.
Si l'oreille empathique tarifée n'est pas la panacée, il reste une solution pour arrêter les jérémiades et tarir la source de vos insatisfactions chroniques: changer d'employeur, postuler ailleurs. Allez, on est sympa, on vous montre le chemin.
L'édito de Sylvia Di Pasquale est également publié sur le site Cadremploi.fr
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