VIE DE BUREAU - Sarah Bienaimé, 41 ans, est heureuse d'aller au bureau. Lorsqu'elle lève les yeux de son ordinateur, elle peut contempler les montagnes environnantes tout en travaillant avec ses interlocuteurs à Paris, Toulouse et dans d'autres grandes villes françaises. Le reste du temps, cette entrepreneuse sur le web cueille des plantes sauvages qu'elle cuisine avec les fruits et légumes d'agriculteurs locaux (d'une Amap). "Je suis créatrice culinaire", explique-t-elle fièrement. Depuis un an, cette ancienne prof d'anglais imagine des recettes végétariennes et sans gluten, les photographie puis les vend à des magazines et des maisons d'édition. Sans quitter le Cantal, pour cette ancienne Parisienne, c'est loin d'être un détail.
Pour l'instant, impossible de se dégager un vrai salaire. Sarah doit encore compter sur ses missions ponctuelles de consultante pour une entreprise spécialisée dans l'accueil des nouveaux habitants dans le Cantal. Mais 80% de son temps est consacré à sa jeune entreprise, "Happy Food". Une souplesse que lui permet la plateforme de télétravail mise en place par le Pays de Murat qui met à sa disposition un bureau, un ordinateur et même des collègues eux aussi entrepreneurs.
Cette partie du Cantal située à 1000 mètres d'altitude en moyenne compte 13 communes et... seulement 5000 habitants. L'exode rural, ici, on connaît bien. Pour ne pas mourir à petit feu, cette région fait tout pour se rendre attractive et propose aux entrepreneurs du web qui viennent s'y installer une formation, un bureau et même un logement. Ce jeudi 16 octobre la communauté de communes organise d'ailleurs le 6e forum du télétravail, du coworking et des startups à Murat.
Des formations et un bureau gratuit la première année
"Nous voulons garder nos habitants et accueillir de nouveaux actifs", résume Bernard Delcros, le président de la communauté de communes du Pays de Murat. Depuis 2007, ce petit territoire veut convaincre que l'on peut travailler à distance tout en privilégiant une certaine qualité de vie. Le Pays de Murat a donc choisi de miser sur l'économie numérique et de cibler les entrepreneurs du web pour repeupler ses villages. Elle forme aussi salariés du privé et de collectivités au télétravail. Le premier centre de formation au télétravail en France a ainsi été ouvert en 2007 à Murat ainsi qu'un espace de co-working comprenant six bureaux fermés et un open-space d'une dizaine de places.
Si Sarah Bienaimé n'a pas suivi les formations financées par le Conseil général, elle a en revanche investi l'espace de coworking. "Cette plateforme de télétravail m'a grandement facilité la tâche pour le démarrage. Elle m'a permis de rencontrer des gens et de ne pas m'isoler", raconte-t-elle. Ordinateur, téléphone, connexion internet, pendant un an, la jeune entrepreneure n'a pas eu à débourser un centime. Et le Conseil général qui finance l'opération est encore plus généreux, il propose aux entrepreneurs nouveaux arrivants dans la région de leur verser un salaire (l'équivalent d'un SMIC) et de payer leur loyer pendant un an. Évidemment, tous les projets ne sont pas acceptés les yeux fermés, un comité de sélection se réunit pour étudier les nouveaux dossiers.
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En cinq ans, 25 entrepreneurs ont ainsi lancé leur entreprise sur le web depuis le Cantal dans des domaines comme la traduction, le graphisme, la comptabilité ou encore la création de sites internet. "Grâce à ce pôle de télétravail, notre territoire compte 55 personnes de plus dont 20 enfants scolarisés, cela semble peu, mais à notre échelle, c'est tout simplement une classe supplémentaire", affirme encore Bernard Delcros. Depuis 2012, le solde migratoire jusqu'alors négatif est passé au vert, une première victoire qui vient récompenser les efforts déployés. Mais le dispositif coûte cher, entre 2007 et 2012, près de 410.000 euros ont été investis par le pays de Murat dans ce programme.
Du côté des jeunes entrepreneurs, toutes les sociétés n'ont pas encore trouvé leur stabilité, mais à écouter Bernard Delcros personne n'est resté sur le carreau : "certains ont eu des moments difficiles, mais toutes les entreprises créées existent encore". Sara Bienaimé, elle, ne regrette rien. Elle se donne deux ans pour savoir si son entreprise pourra perdurer. Son exemple aura au moins convaincu une personne de se lancer dans l'aventure, son mari et père de ses trois enfants. "Il est resté professeur mais il aimerait sauter le pas un jour. Pour l'instant on ne peut pas se le permettre mais qui sait..."
Pour l'instant, impossible de se dégager un vrai salaire. Sarah doit encore compter sur ses missions ponctuelles de consultante pour une entreprise spécialisée dans l'accueil des nouveaux habitants dans le Cantal. Mais 80% de son temps est consacré à sa jeune entreprise, "Happy Food". Une souplesse que lui permet la plateforme de télétravail mise en place par le Pays de Murat qui met à sa disposition un bureau, un ordinateur et même des collègues eux aussi entrepreneurs.
Cette partie du Cantal située à 1000 mètres d'altitude en moyenne compte 13 communes et... seulement 5000 habitants. L'exode rural, ici, on connaît bien. Pour ne pas mourir à petit feu, cette région fait tout pour se rendre attractive et propose aux entrepreneurs du web qui viennent s'y installer une formation, un bureau et même un logement. Ce jeudi 16 octobre la communauté de communes organise d'ailleurs le 6e forum du télétravail, du coworking et des startups à Murat.
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Des formations et un bureau gratuit la première année
"Nous voulons garder nos habitants et accueillir de nouveaux actifs", résume Bernard Delcros, le président de la communauté de communes du Pays de Murat. Depuis 2007, ce petit territoire veut convaincre que l'on peut travailler à distance tout en privilégiant une certaine qualité de vie. Le Pays de Murat a donc choisi de miser sur l'économie numérique et de cibler les entrepreneurs du web pour repeupler ses villages. Elle forme aussi salariés du privé et de collectivités au télétravail. Le premier centre de formation au télétravail en France a ainsi été ouvert en 2007 à Murat ainsi qu'un espace de co-working comprenant six bureaux fermés et un open-space d'une dizaine de places.
Si Sarah Bienaimé n'a pas suivi les formations financées par le Conseil général, elle a en revanche investi l'espace de coworking. "Cette plateforme de télétravail m'a grandement facilité la tâche pour le démarrage. Elle m'a permis de rencontrer des gens et de ne pas m'isoler", raconte-t-elle. Ordinateur, téléphone, connexion internet, pendant un an, la jeune entrepreneure n'a pas eu à débourser un centime. Et le Conseil général qui finance l'opération est encore plus généreux, il propose aux entrepreneurs nouveaux arrivants dans la région de leur verser un salaire (l'équivalent d'un SMIC) et de payer leur loyer pendant un an. Évidemment, tous les projets ne sont pas acceptés les yeux fermés, un comité de sélection se réunit pour étudier les nouveaux dossiers.

En cinq ans, 25 entrepreneurs ont ainsi lancé leur entreprise sur le web depuis le Cantal dans des domaines comme la traduction, le graphisme, la comptabilité ou encore la création de sites internet. "Grâce à ce pôle de télétravail, notre territoire compte 55 personnes de plus dont 20 enfants scolarisés, cela semble peu, mais à notre échelle, c'est tout simplement une classe supplémentaire", affirme encore Bernard Delcros. Depuis 2012, le solde migratoire jusqu'alors négatif est passé au vert, une première victoire qui vient récompenser les efforts déployés. Mais le dispositif coûte cher, entre 2007 et 2012, près de 410.000 euros ont été investis par le pays de Murat dans ce programme.
Du côté des jeunes entrepreneurs, toutes les sociétés n'ont pas encore trouvé leur stabilité, mais à écouter Bernard Delcros personne n'est resté sur le carreau : "certains ont eu des moments difficiles, mais toutes les entreprises créées existent encore". Sara Bienaimé, elle, ne regrette rien. Elle se donne deux ans pour savoir si son entreprise pourra perdurer. Son exemple aura au moins convaincu une personne de se lancer dans l'aventure, son mari et père de ses trois enfants. "Il est resté professeur mais il aimerait sauter le pas un jour. Pour l'instant on ne peut pas se le permettre mais qui sait..."
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