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Du vin à lire à la Toussaint (1/3)

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Pendant la semaine de la Toussaint, la série sur les acteurs insolites du monde du vin se met en pause. Nous profiterons de l'occasion pour vous faire découvrir quelques livres qui parlent peu ou prou du vin et de son monde mystérieux (série spéciale en trois épisodes).


Hominem unius libri timeo (je crains l'homme d'un seul livre) aurait dit Thomas d'Aquin, telle que nous la rapporte la tradition littéraire. Le débat est toujours présent de savoir si le saint, qui était un fin argumentateur, se méfiait plutôt des personnes de peu de culture parce qu'elle n'avaient lu qu'un ''seul livre'' - unius libri - ou, au contraire, s'il se méfiait des personnes maîtrisant leur sujet à la perfection, le sujet d'un ''seul livre'', et contre lesquelles il serait difficile de l'emporter.

Pour filer la métaphore, nous pourrions écrire Hominem unius vini timeo en gardant ouvert le débat de savoir si nous craignons plutôt les personnes qui n'ont bu qu'un seul vin dans leur vie, voire les personnes qui n'en ont jamais bu ce qui est encore plus effrayant, ou bien si nous craignons les inconditionnels d'un unius vini, car il nous sera alors difficile de leur faire entrevoir un bonheur en-dehors de leur région fétiche.

Que ce soit en terme de vin, de livres, ou mieux de livres qui parlent du vin, partons à la recherche de quelques pépites littéraires ou de quelques recueils bien pensés qui nous feront voyager sans crainte de perdre de précieux points de notre permis de conduire.

Le vin du solitaire

Depuis toujours le vin a inspiré les meilleurs poètes. Au IIIe siècle avant Jésus-Christ déjà, Plaute mettait en scène Phédrome et son pédagogue Palinure s'employant à appâter à l'aide de vin la vieille Lééna, gardienne de la maison où se trouve Planesium, esclave aimée de Phédrome et enjeu de l'intrigue.

Baudelaire, dont Kundera dit que celui qui lit un sonnet de Baudelaire ne peut en sauter un seul mot et s'il l'aime à la folie, il l'apprendra par cœur, occupe une place particulière, ayant porté de très belles odes au vin. C'est ainsi par exemple, que le poète terminait le sonnet sur le ''Vin du solitaire'' dans les Fleurs du mal.


    Tout cela ne vaut pas, ô bouteille profonde,

    Les baumes pénétrants que ta panse féconde

    Garde au cœur altéré du poète pieux;


      Tu lui verses l'espoir, la jeunesse et la vie,

      -- Et l'orgueil, ce trésor de toute gueuserie,

      Qui nous rend triomphants et semblables aux Dieux!



    L'art de l'ivresse

    Les poésies orientales n'étant pas en reste, Hervé Collet et Cheng Wing, traducteurs de poésie chinoise, ont rassemblé les textes les plus enivrants de cette littérature. Dès la préface, le ton est posé par les auteurs-traducteurs: « Pour le poète chinois, le vin est aussi important que l'encre ou le pinceau. L'ivresse qu'il procure permet de s'accorder au rythme naturel des choses (tao), d'entrer en communion avec les circonstances, d'être en phase avec le flux de l'instant éternellement présent. » (L'Art de l'ivresse, éditions Albin Michel, collection spiritualités vivantes, 8,50 euros).

    C'est là que nous nous trouvons face à une certaine contradiction car si, en suivant toujours Kundera, « la poésie lyrique est une forteresse de mémoire », le vin selon les poètes orientaux - et d'autres également - permet d'oublier le passé et de faire fi de l'avenir pour se consacrer entièrement au moment en devenir, dans une merveilleuse contemplation du monde.

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    Ceci étant, point besoin de siphonner la bouteille pour dériver sur les chemins de l'ivresse, le petit recueil étant en lui-même une porte ouverte sur le voyage des sens que l'on peut savourer avec un café ou un thé de circonstance.

    On sourit en pensant aux Hospices de Beaune lorsqu'on lit le poème de Chuan Te-yu qui livre en incipit: « Alité après m'être blesse en tombant, quelqu'un m'ayant conseillé de boire du vin fort, momentanément j'oublie la douleur et compose ce poème »:


      une coupe est bénéfique pour l'homme malade

      les quatre membres abandonnés à la chaise

      pliante,

      momentanément j'oublie mon corps

      à l'aise au pays de l'ivresse



    Cet opuscule est soigné et d'une lecture agréable, les poèmes sont courts et se dégustent facilement, tel ce dernier destiné à faire taire les grincheux à l'alcool triste ou agressif (Chang Shuo):


      ivre ma joie est sans limites

      bien plus qu'avant d'être ivre

      chaque geste une dance

      chaque parole un poème



    Retrouvez Fabrizio Bucella dans la Revue du Vin de France:



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