Il existe aujourd'hui en France et plus globalement en Europe une fracture qui va grandissant. Une préoccupation du citoyen non prise en charge. Un besoin du consommateur non satisfait. Ou très partiellement. Elle porte d'abord sur la compréhension et la mesure de ce que sont les attentes des citoyens et consommateurs en matière de protection de l'environnement et, sur la nature des réponses telles qu'elles sont aujourd'hui données par les institutions publiques et privées. Quand elles le sont.
Cela n'a pas toujours été le cas. De ponctuelle et lointaine, la préoccupation pour l'environnement s'était faite individuelle, personnelle, et quotidienne. Ce changement d'échelle -et de nature- s'est produit parce que les Européens ont établi un lien immédiat entre les questions relatives à l'environnement en général et celles qui ont trait à leur environnement et leur santé. Et à mesure que la préoccupation s'est renforcée, elle les a contraints à fabriquer, chacun à leur façon, un équilibre supportable entre la réalité de leur inquiétude et leur mode de vie. Le citoyen, le consommateur s'est mis à changer, à adopter de nouveaux comportements, à être plus vigilant dans ses achats.
On se souvient de ces années "vertes": Jacques Chirac se faisait lyrique au sommet de Johannesburg ("Notre maison brûle et nous regardons ailleurs"), plus de 8 millions de Français regardaient Home, Al Gore était nommé prix Nobel de la paix, Nicolas Hulot lançait son pacte écologique dans la présidentielle, le Grenelle de l'environnement était engagé, les Verts tutoyaient le Parti Socialiste aux Européennes, le GIEC était écouté et entendu... Et tous les rayons de nos supermarchés se teintaient de vert!
Et puis: Climate Gate, échec du sommet de Copenhague, retrait de la taxe carbone... la bulle des subprimes explosa plongeant derechef le monde dans une dépression économique profonde qui semblait renvoyer le sujet environnemental dans l'ombre.
Qu'en est-il aujourd'hui? Alors que de nombreux observateurs ou dirigeants parlent d'une forme d'"éco-lassitude", les chiffres sont pourtant sans équivoque: 95% des Européens (et 97% des Français) déclarent que la protection de l'environnement est personnellement importante pour eux et, 87% (et 81% des Français) considèrent qu'ils peuvent jouer un rôle. La plupart ayant déjà intégré de façon très pragmatique la dimension environnementale à leurs comportements, ils ne se sont pas relâchés avec la crise, bien au contraire: 84% des Européens déclarent trier la plupart de leurs déchets, 80% disent avoir réduit leur consommation d'énergie, 70% leur consommation d'eau, 66% celle des produits jetables, 64% choisissent des produits locaux...
La demande à l'égard des institutions publiques ou privées demeure importante. Après la santé, le sujet s'articule désormais aussi à celui de la valorisation du tissu économique local, à la durabilité économique et écologique des modèles de développement. Car plus qu'une crise, nous vivons une période de mutation.
Et finalement, ils n'ont que peu le sentiment que le sujet soit pris en charge. 9 Européens sur 10 sont convaincus que l'achat de produits respectueux de l'environnement peut faire une vraie différence, mais si la plupart en achètent occasionnellement, 1 sur 4 seulement le fait souvent. Alors velléités et déclaration d'intention?
S'ils se disent que c'est la bonne chose à faire (95%), les consommateurs voient encore de nombreux obstacles à l'achat de produits verts. Seule la moitié des Européens estime ainsi que ces produits ont un bon rapport qualité-prix. 74% pensent qu'ils sont aussi efficaces que les produits ordinaires mais seuls 33% en sont tout à fait persuadés. Pour plus de la moitié d'entre eux, ils ne sont pas faciles à trouver...
Le manque -et donc à l'inverse le besoin - d'information est patent, quels que soient les secteurs. Au-delà, c'est aussi l'engagement des marques et des entreprises qui est questionné.
29% des Européens déclarent être tombés au cours des douze derniers mois sur des déclarations exagérées ou trompeuses vantant les effets bénéfiques de certains produits verts.
Et seulement 1 sur 2 dit avoir confiance dans les déclarations des fabricants sur les performances environnementales de leurs propres produits. Ils reconnaissent qu'un certain nombre de marques agissent, mais en suspectent de nombreuses autres de greenwashing.
Fracture donc: si les Européens donnent le sentiment d'en parler moins, c'est sans doute à la fois parce qu'ils en font plus, mais aussi parce qu'ils se méfient des discours des institutions, publiques ou privées, quand la preuve n'est pas donnée ou pas perceptible.
Et s'ils parlent peut-être un peu moins d'"environnement", compris dans son acception étymologique de "ce qui nous entoure" comme le souligne Michel Serre, ils parlent de naturalité, saisonnalité, ressources naturelles, bioéthique, écosystème, responsabilité... Ils ont désormais conscience que "nous dépendons des choses qui dépendent de nous". Avec la nécessité de maitriser notre maitrise.
Il y a donc une formidable opportunité aujourd'hui à aborder ce sujet et apporter des réponses concrètes et lisibles à travers les offres et les produits proposés au consommateur. C'est une invitation à l'innovation et l'occasion d'établir un lien plus clair et tangible entre RSE et innovation au niveau du produit. C'est aussi une invitation à l'engagement des consommateurs qui ne demandent qu'à être plus informés et plus actifs sur ces sujets.
Les green years
Cela n'a pas toujours été le cas. De ponctuelle et lointaine, la préoccupation pour l'environnement s'était faite individuelle, personnelle, et quotidienne. Ce changement d'échelle -et de nature- s'est produit parce que les Européens ont établi un lien immédiat entre les questions relatives à l'environnement en général et celles qui ont trait à leur environnement et leur santé. Et à mesure que la préoccupation s'est renforcée, elle les a contraints à fabriquer, chacun à leur façon, un équilibre supportable entre la réalité de leur inquiétude et leur mode de vie. Le citoyen, le consommateur s'est mis à changer, à adopter de nouveaux comportements, à être plus vigilant dans ses achats.
On se souvient de ces années "vertes": Jacques Chirac se faisait lyrique au sommet de Johannesburg ("Notre maison brûle et nous regardons ailleurs"), plus de 8 millions de Français regardaient Home, Al Gore était nommé prix Nobel de la paix, Nicolas Hulot lançait son pacte écologique dans la présidentielle, le Grenelle de l'environnement était engagé, les Verts tutoyaient le Parti Socialiste aux Européennes, le GIEC était écouté et entendu... Et tous les rayons de nos supermarchés se teintaient de vert!
Et puis: Climate Gate, échec du sommet de Copenhague, retrait de la taxe carbone... la bulle des subprimes explosa plongeant derechef le monde dans une dépression économique profonde qui semblait renvoyer le sujet environnemental dans l'ombre.
Un sujet second mais pas secondaire
Qu'en est-il aujourd'hui? Alors que de nombreux observateurs ou dirigeants parlent d'une forme d'"éco-lassitude", les chiffres sont pourtant sans équivoque: 95% des Européens (et 97% des Français) déclarent que la protection de l'environnement est personnellement importante pour eux et, 87% (et 81% des Français) considèrent qu'ils peuvent jouer un rôle. La plupart ayant déjà intégré de façon très pragmatique la dimension environnementale à leurs comportements, ils ne se sont pas relâchés avec la crise, bien au contraire: 84% des Européens déclarent trier la plupart de leurs déchets, 80% disent avoir réduit leur consommation d'énergie, 70% leur consommation d'eau, 66% celle des produits jetables, 64% choisissent des produits locaux...
La demande à l'égard des institutions publiques ou privées demeure importante. Après la santé, le sujet s'articule désormais aussi à celui de la valorisation du tissu économique local, à la durabilité économique et écologique des modèles de développement. Car plus qu'une crise, nous vivons une période de mutation.
Offres et sincérité de l'engagement en question
Et finalement, ils n'ont que peu le sentiment que le sujet soit pris en charge. 9 Européens sur 10 sont convaincus que l'achat de produits respectueux de l'environnement peut faire une vraie différence, mais si la plupart en achètent occasionnellement, 1 sur 4 seulement le fait souvent. Alors velléités et déclaration d'intention?
S'ils se disent que c'est la bonne chose à faire (95%), les consommateurs voient encore de nombreux obstacles à l'achat de produits verts. Seule la moitié des Européens estime ainsi que ces produits ont un bon rapport qualité-prix. 74% pensent qu'ils sont aussi efficaces que les produits ordinaires mais seuls 33% en sont tout à fait persuadés. Pour plus de la moitié d'entre eux, ils ne sont pas faciles à trouver...
Le manque -et donc à l'inverse le besoin - d'information est patent, quels que soient les secteurs. Au-delà, c'est aussi l'engagement des marques et des entreprises qui est questionné.
29% des Européens déclarent être tombés au cours des douze derniers mois sur des déclarations exagérées ou trompeuses vantant les effets bénéfiques de certains produits verts.
Et seulement 1 sur 2 dit avoir confiance dans les déclarations des fabricants sur les performances environnementales de leurs propres produits. Ils reconnaissent qu'un certain nombre de marques agissent, mais en suspectent de nombreuses autres de greenwashing.
Une opportunité à saisir
Fracture donc: si les Européens donnent le sentiment d'en parler moins, c'est sans doute à la fois parce qu'ils en font plus, mais aussi parce qu'ils se méfient des discours des institutions, publiques ou privées, quand la preuve n'est pas donnée ou pas perceptible.
Et s'ils parlent peut-être un peu moins d'"environnement", compris dans son acception étymologique de "ce qui nous entoure" comme le souligne Michel Serre, ils parlent de naturalité, saisonnalité, ressources naturelles, bioéthique, écosystème, responsabilité... Ils ont désormais conscience que "nous dépendons des choses qui dépendent de nous". Avec la nécessité de maitriser notre maitrise.
Il y a donc une formidable opportunité aujourd'hui à aborder ce sujet et apporter des réponses concrètes et lisibles à travers les offres et les produits proposés au consommateur. C'est une invitation à l'innovation et l'occasion d'établir un lien plus clair et tangible entre RSE et innovation au niveau du produit. C'est aussi une invitation à l'engagement des consommateurs qui ne demandent qu'à être plus informés et plus actifs sur ces sujets.
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