Les édulcorants semblent aujourd'hui incontournables dans les linéaires de supermarchés et de nombreux consommateurs choisissent des produits « light » même en l'absence de problème de poids. Comment est-on arrivé à remplacer le sucre des aliments, substance naturelle et qui est la source énergétique de nos cellules, par des composés chimiques, la plupart de synthèse, ayant des limites toxicologiques de l'ordre du mg/kg?
Si l'usage de la saccharine fut popularisé pendant la seconde guerre mondiale comme substitut du sucre devenu rare, sa popularité puis celle d'une série d'édulcorants intenses ne cessa de croître à partir des années 1960 et 1970 parmi les personnes faisant un régime. Les questions à propos de leur innocuité se posèrent de façon croissante surtout après les polémiques liées aux effets cancérigènes de la saccharine chez le rat puis aux effets de l'aspartame qui porteraient sur essentiellement le cerveau et le système nerveux début des années 70. C'est d'ailleurs l'aspartame qui a été l'objet des principales polémiques sur la sécurité des édulcorants. Plus récemment ce sont les extraits de la plante Stévia, proposés comme alternative aux édulcorants de synthèse, qui alimentent les discussions.
Comme Docteur en Nutrition j'ai toujours eu une position critique vis-à-vis des édulcorants qui n'ont jamais été une solution pour lutter contre l'obésité et qui ne font qu'entretenir des comportements alimentaires aberrants. Comme Professeur de toxicologie, l'aspartame constitue un cas particulier, car il s'agit d'une substance qui est métabolisée entièrement dans le tube digestif et ces métabolites sont des substances rencontrées en abondance dans notre alimentation. Il n'y a donc pas là à priori de quoi suspecter une forte toxicité, ce qui est d'ailleurs confirmé d'une part par la fixation par les autorités réglementaires Européennes d'une DJA très élevée et l'absence d'effets santé indiscutables chez l'homme.
Cependant en regardant plus en détail, on constate un grand nombre de résultats qui constituent un faisceau consistant permettant de mettre en doute une innocuité totale de l'aspartame. Ce sont d'ailleurs ces résultats contradictoires ou peu significatifs qui sont à la base des polémiques.
On voit donc que les effets santé des édulcorants concernent à la fois la nutrition physiologique ou pathologique et la toxicologie.
Or il ces deux aspects sont souvent séparés dans les évaluations des risques en santé publique et font souvent appel à des formations de base différentes pour les prescripteurs (médecins, nutritionnistes, diététiciens, hygiénistes...). L'Agence Européenne en particulier (EFSA) n'est en charge que de la partie toxicologique et n'est pas habilitée à prendre en compte des aspects nutritionnels. La situation est différente en France ou les instances sanitaires ont toujours été en charge à la fois des aspects nutritionnels et sanitaires (CSHPF, AFSSA, ANSES). Depuis plus de dix ans, l'accumulation de données toxicologiques n'a fait qu'augmenter les suspicions sur l'innocuité de l'aspartame qui est un peu « la star » des édulcorants intenses (EI).
Nos réflexions comme experts de l'ANSES ont abouti à la nécessité d'intégrer un facteur d'incertitude supplémentaire (10) dans le calcul de la DJA de l'Aspartame, proposition rejetée à l'occasion de la consultation publique de l'EFSA relative à la sécurité d'emploi de l'Aspartame en 2013. Pour dépasser ces rigidités Européennes que nous pressentions, l'Anses en 2011 s'est auto-saisie de l'évaluation des risques et bénéfices nutritionnels de l'ensemble des EI. Cette réflexion a abouti dans un premier temps à un avis en 2012 soulignant l'absence de bénéfice nutritionnel propre démontré de la consommation d'EI chez la femme enceinte.
Aujourd'hui (Janvier 2015), le rapport final conclut « qu'il n'a pas été démontré d'effet bénéfique permettant de recommander la consommation régulière d'EI chez l'adulte et chez l'enfant. Par ailleurs, les données disponibles ne montrent pas l'existence d'un risque chez les consommateurs ponctuels. En revanche, les données épidémiologiques disponibles ne permettent pas d'écarter certains risques en cas de consommations régulières et prolongées. Par conséquent, pour la population générale la prise en compte globale des risques et des bénéfices nutritionnels potentiels ne permet pas de justifier l'utilisation à long terme des EI comme substitut du sucre, en particulier dans les boissons, qui en sont le principal vecteur.
En ce sens, les boissons édulcorées comme les boissons sucrées ne devraient donc pas se substituer à la consommation d'eau.
Il est intéressant de noter que contrairement aux assertions multiples et réitérées d'officines de désinformations médiatisées, les experts publics sous la coordination de l'ANSES, sont en mesure d'instruire un dossier sensible sur des bases rigoureusement scientifiques et en toute indépendance. Devant des blocages européens ne permettant pas de limiter les consommations d'EI par voie réglementaire, une alternative nationale est possible pour limiter l'exposition des consommateurs par la voie de recommandations nutritionnelles.
Il serait aussi intéressant que les médias qui diffusent largement les publicités pour les aliments et les boissons « light » relaient largement ces recommandations.
Si l'usage de la saccharine fut popularisé pendant la seconde guerre mondiale comme substitut du sucre devenu rare, sa popularité puis celle d'une série d'édulcorants intenses ne cessa de croître à partir des années 1960 et 1970 parmi les personnes faisant un régime. Les questions à propos de leur innocuité se posèrent de façon croissante surtout après les polémiques liées aux effets cancérigènes de la saccharine chez le rat puis aux effets de l'aspartame qui porteraient sur essentiellement le cerveau et le système nerveux début des années 70. C'est d'ailleurs l'aspartame qui a été l'objet des principales polémiques sur la sécurité des édulcorants. Plus récemment ce sont les extraits de la plante Stévia, proposés comme alternative aux édulcorants de synthèse, qui alimentent les discussions.
Comme Docteur en Nutrition j'ai toujours eu une position critique vis-à-vis des édulcorants qui n'ont jamais été une solution pour lutter contre l'obésité et qui ne font qu'entretenir des comportements alimentaires aberrants. Comme Professeur de toxicologie, l'aspartame constitue un cas particulier, car il s'agit d'une substance qui est métabolisée entièrement dans le tube digestif et ces métabolites sont des substances rencontrées en abondance dans notre alimentation. Il n'y a donc pas là à priori de quoi suspecter une forte toxicité, ce qui est d'ailleurs confirmé d'une part par la fixation par les autorités réglementaires Européennes d'une DJA très élevée et l'absence d'effets santé indiscutables chez l'homme.
Cependant en regardant plus en détail, on constate un grand nombre de résultats qui constituent un faisceau consistant permettant de mettre en doute une innocuité totale de l'aspartame. Ce sont d'ailleurs ces résultats contradictoires ou peu significatifs qui sont à la base des polémiques.
On voit donc que les effets santé des édulcorants concernent à la fois la nutrition physiologique ou pathologique et la toxicologie.
Or il ces deux aspects sont souvent séparés dans les évaluations des risques en santé publique et font souvent appel à des formations de base différentes pour les prescripteurs (médecins, nutritionnistes, diététiciens, hygiénistes...). L'Agence Européenne en particulier (EFSA) n'est en charge que de la partie toxicologique et n'est pas habilitée à prendre en compte des aspects nutritionnels. La situation est différente en France ou les instances sanitaires ont toujours été en charge à la fois des aspects nutritionnels et sanitaires (CSHPF, AFSSA, ANSES). Depuis plus de dix ans, l'accumulation de données toxicologiques n'a fait qu'augmenter les suspicions sur l'innocuité de l'aspartame qui est un peu « la star » des édulcorants intenses (EI).
Nos réflexions comme experts de l'ANSES ont abouti à la nécessité d'intégrer un facteur d'incertitude supplémentaire (10) dans le calcul de la DJA de l'Aspartame, proposition rejetée à l'occasion de la consultation publique de l'EFSA relative à la sécurité d'emploi de l'Aspartame en 2013. Pour dépasser ces rigidités Européennes que nous pressentions, l'Anses en 2011 s'est auto-saisie de l'évaluation des risques et bénéfices nutritionnels de l'ensemble des EI. Cette réflexion a abouti dans un premier temps à un avis en 2012 soulignant l'absence de bénéfice nutritionnel propre démontré de la consommation d'EI chez la femme enceinte.
Aujourd'hui (Janvier 2015), le rapport final conclut « qu'il n'a pas été démontré d'effet bénéfique permettant de recommander la consommation régulière d'EI chez l'adulte et chez l'enfant. Par ailleurs, les données disponibles ne montrent pas l'existence d'un risque chez les consommateurs ponctuels. En revanche, les données épidémiologiques disponibles ne permettent pas d'écarter certains risques en cas de consommations régulières et prolongées. Par conséquent, pour la population générale la prise en compte globale des risques et des bénéfices nutritionnels potentiels ne permet pas de justifier l'utilisation à long terme des EI comme substitut du sucre, en particulier dans les boissons, qui en sont le principal vecteur.
En ce sens, les boissons édulcorées comme les boissons sucrées ne devraient donc pas se substituer à la consommation d'eau.
Il est intéressant de noter que contrairement aux assertions multiples et réitérées d'officines de désinformations médiatisées, les experts publics sous la coordination de l'ANSES, sont en mesure d'instruire un dossier sensible sur des bases rigoureusement scientifiques et en toute indépendance. Devant des blocages européens ne permettant pas de limiter les consommations d'EI par voie réglementaire, une alternative nationale est possible pour limiter l'exposition des consommateurs par la voie de recommandations nutritionnelles.
Il serait aussi intéressant que les médias qui diffusent largement les publicités pour les aliments et les boissons « light » relaient largement ces recommandations.
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