ECOLE - Ils ont entre 10 et 16 ans. Myriam, Emeline, Kevin, Charlène. Ils sont malgré eux les visages de la violence et du harcèlement à l'école. Cette violence qui se renforce dans le silence et les non-dits, dans la peur aussi.
Les équipes enseignantes connaissent bien ces humiliations du quotidien qui transforment rapidement la scolarité d'un élève en cauchemar. Professeurs, surveillants, ils préfèrent le plus souvent relativiser: pour rassurer l'élève tout d'abord, pour éviter les problèmes avec une hiérarchie peu active sur le sujet, mais aussi parce qu'ils se sentent impuissants. Les profs aussi ont peur: combien d'enseignants font l'objet de moqueries, de caricatures.
Parler pour se libérer, c'est la règle pour rompre le cercle vicieux du harcèlement scolaire. Pas simple pour des jeunes souvent guidés par des comportements de groupes, ces groupes en dehors desquels on est rien, on n'existe pas. Mettre un nom sur le harcèlement, c'est aussi reconnaître sa propre situation de faiblesse, de fragilité. Les violences ne se limitent pas au périmètre de la cour d'école. Le temps et l'espace de l'agression s'est distendu pour suivre l'élève et la famille jusque dans le foyer: de retour de l'école, le soir, sur les Smartphones ou les réseaux sociaux, la violence continue.
Une élève sur dix concerné
En France, le harcèlement scolaire touche plus d'un million de jeunes, soit un élève sur dix ! Selon des chiffres annoncés par le Parisien et France Télévision, la proportion d'élèves concernés par le « cyber-harcèlement » est encore plus importante et toucherait près de 18% des élèves. De la retenue, de la pudeur, de la honte aussi. A l'âge où l'on essaie de se construire, pas si simple de demander de l'aide. L'étude montre également que moins d'un jeune sur deux accepterait de sauter le pas en partageant son expérience de harcèlement avec un adulte.
Pourquoi signer le manifeste des 1,2 million d'élèves ?
Plus qu'un manifeste, un morceau d'expérience, de souffrance que des adolescents, leurs parents et leurs enseignants veulent mettre à nu: exposer pour fragiliser, pour démystifier, pour faire en sorte que la honte et la culpabilité changent de camp. Une actualité tristement chargée, catalyseur de la mobilisation: mardi 10 février, France 2 diffusera le film de la documentariste Andrea Rawlins-Gaston. D'un réalisme prenant, le reportage décrit cette réalité dont la dureté dépasse les mots. Il y a aussi les témoins, ces parents qui sont là pour que ne s'éteigne pas le souvenir de leurs enfants morts du harcèlement, comme Nora, la maman de Marion, cette jeune fille de 13 ans qui s'est pendue.
Une administration désemparée
Du côté de l'Education Nationale, la réponse aux violences est souvent un silence gêné. De la stupéfaction, mais surtout un manque de moyens. Une campagne de prévention vient d'être lancée par le Ministère, avec un site www.agircontreleharcelementalecole.gouv.fr et le hashtag #NAH, comprenez "non au harcèlement" un acronyme volontairement frondeur, un pied de nez aux bourreaux du quotidien.
Dans les rectorats, on développe un plan de formation des cadres.
Ce climat de tension scolaire, il ne date pas d'hier. Dans une note adressée à ses équipes en mai 2014, le Recteur de l'Académie de Marseille rappelait que "si une très grande majorité d'élèves dit se sentir bien ou plutôt bien dans son établissement scolaire, il apparaît qu'environ 20 et 25% des élèves absentéistes chroniques ne va plus à l'école craignant le harcèlement".
Et plus concrètement sur le terrain ?
Des établissements pilotes ont choisi de former des jeunes référents chargés de signaler les tentatives de domination entre élèves. Un rôle difficile à assumer pour ces jeunes anges-gardiens des cours d'école. En Ile-de-France, un numéro de téléphone gratuit et anonyme existe depuis plusieurs années www.jeunesviolencesecoute.fr, Dans le cadre de sa politique de lutte contre les violences en milieu scolaire, la Région a créé, en 2000, ce dispositif constitué d'un numéro vert 0808.807.700 complété en 2006 d'un site internet. L'objectif est d'aider les victimes de violences, de harcèlement ou de racket, à sortir de l'isolement mais aussi d'aider les parents et professionnels à aborder les difficultés qu'ils rencontrent face aux violences.
Outre la question des moyens d'identification se pose enfin la question du suivi et des sanctions du harcèlement et des violences, comme le rappelle le pédopsychiatre Marcel Rufo "le devoir de la communauté scolaire est d'aider et soutenir le plus faible pour qu'il soit accepté. C'est aussi d'associer à la prévention -il le faut- la sanction. Le respect de la victime impose que l'on punisse le coupable".
Les équipes enseignantes connaissent bien ces humiliations du quotidien qui transforment rapidement la scolarité d'un élève en cauchemar. Professeurs, surveillants, ils préfèrent le plus souvent relativiser: pour rassurer l'élève tout d'abord, pour éviter les problèmes avec une hiérarchie peu active sur le sujet, mais aussi parce qu'ils se sentent impuissants. Les profs aussi ont peur: combien d'enseignants font l'objet de moqueries, de caricatures.
Parler pour se libérer, c'est la règle pour rompre le cercle vicieux du harcèlement scolaire. Pas simple pour des jeunes souvent guidés par des comportements de groupes, ces groupes en dehors desquels on est rien, on n'existe pas. Mettre un nom sur le harcèlement, c'est aussi reconnaître sa propre situation de faiblesse, de fragilité. Les violences ne se limitent pas au périmètre de la cour d'école. Le temps et l'espace de l'agression s'est distendu pour suivre l'élève et la famille jusque dans le foyer: de retour de l'école, le soir, sur les Smartphones ou les réseaux sociaux, la violence continue.
Une élève sur dix concerné
En France, le harcèlement scolaire touche plus d'un million de jeunes, soit un élève sur dix ! Selon des chiffres annoncés par le Parisien et France Télévision, la proportion d'élèves concernés par le « cyber-harcèlement » est encore plus importante et toucherait près de 18% des élèves. De la retenue, de la pudeur, de la honte aussi. A l'âge où l'on essaie de se construire, pas si simple de demander de l'aide. L'étude montre également que moins d'un jeune sur deux accepterait de sauter le pas en partageant son expérience de harcèlement avec un adulte.
Pourquoi signer le manifeste des 1,2 million d'élèves ?
Plus qu'un manifeste, un morceau d'expérience, de souffrance que des adolescents, leurs parents et leurs enseignants veulent mettre à nu: exposer pour fragiliser, pour démystifier, pour faire en sorte que la honte et la culpabilité changent de camp. Une actualité tristement chargée, catalyseur de la mobilisation: mardi 10 février, France 2 diffusera le film de la documentariste Andrea Rawlins-Gaston. D'un réalisme prenant, le reportage décrit cette réalité dont la dureté dépasse les mots. Il y a aussi les témoins, ces parents qui sont là pour que ne s'éteigne pas le souvenir de leurs enfants morts du harcèlement, comme Nora, la maman de Marion, cette jeune fille de 13 ans qui s'est pendue.
Une administration désemparée
Du côté de l'Education Nationale, la réponse aux violences est souvent un silence gêné. De la stupéfaction, mais surtout un manque de moyens. Une campagne de prévention vient d'être lancée par le Ministère, avec un site www.agircontreleharcelementalecole.gouv.fr et le hashtag #NAH, comprenez "non au harcèlement" un acronyme volontairement frondeur, un pied de nez aux bourreaux du quotidien.
Dans les rectorats, on développe un plan de formation des cadres.
Ce climat de tension scolaire, il ne date pas d'hier. Dans une note adressée à ses équipes en mai 2014, le Recteur de l'Académie de Marseille rappelait que "si une très grande majorité d'élèves dit se sentir bien ou plutôt bien dans son établissement scolaire, il apparaît qu'environ 20 et 25% des élèves absentéistes chroniques ne va plus à l'école craignant le harcèlement".
Toi aussi dis NAH au harcèlement !
N° D'appel National 0808 807 010
#Maxi18 #NAH pic.twitter.com/S58tmmYg7M
— Maxi18 (@_maxi18) February 5, 2015
Et plus concrètement sur le terrain ?
Des établissements pilotes ont choisi de former des jeunes référents chargés de signaler les tentatives de domination entre élèves. Un rôle difficile à assumer pour ces jeunes anges-gardiens des cours d'école. En Ile-de-France, un numéro de téléphone gratuit et anonyme existe depuis plusieurs années www.jeunesviolencesecoute.fr, Dans le cadre de sa politique de lutte contre les violences en milieu scolaire, la Région a créé, en 2000, ce dispositif constitué d'un numéro vert 0808.807.700 complété en 2006 d'un site internet. L'objectif est d'aider les victimes de violences, de harcèlement ou de racket, à sortir de l'isolement mais aussi d'aider les parents et professionnels à aborder les difficultés qu'ils rencontrent face aux violences.
Outre la question des moyens d'identification se pose enfin la question du suivi et des sanctions du harcèlement et des violences, comme le rappelle le pédopsychiatre Marcel Rufo "le devoir de la communauté scolaire est d'aider et soutenir le plus faible pour qu'il soit accepté. C'est aussi d'associer à la prévention -il le faut- la sanction. Le respect de la victime impose que l'on punisse le coupable".
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