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C'est un... une fille !

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VIE DE FAMILLE - Nous étions l'image même du couple « sur le point d'avoir un enfant ». En ce chaud dimanche de juin, ma belle‑mère venait juste d'arriver pour s'occuper de notre fille de trois ans quand nous sommes sortis de la maison, bagage à la main, pour aller à l'hôpital afin de savoir si je venais bien de perdre les eaux (c'était effectivement le cas).

Nous n'avons mis qu'une minute à rejoindre la voiture, mais notre voisin Chris a quand même eu le temps de nous voir et de nous lancer d'un ton encourageant : « Ramenez-nous un garçon ! » Sur le coup, je n'ai pas réalisé la portée de ce qu'il venait de dire. Nous avait-il vraiment fait part de sa préférence concernant le sexe de notre bébé ?

Nous n'avons pas voulu connaître le sexe de nos enfants à l'avance : la surprise a donc été générale. Nous étions ravis dans un cas comme dans l'autre, mais il était intéressant de voir le chemin parcouru avant d'en arriver là.

Durant toute ma grossesse, les gens ont simplement supposé que nous voulions un garçon, parce que nous étions déjà les parents d'une petite fille. Et puis, c'est bien connu, tous les pères ont envie d'avoir un fils. Histoire de perpétuer le nom de famille, de jouer au ballon et d'avoir quelqu'un de leur côté pendant les disputes.

Lors des rares moments où nous n'étions que tous les deux, mon mari et moi nous demandions ce que nous voulions vraiment. Nous savait qu'un garçon serait une toute nouvelle expérience, mais une fille permettrait de créer des liens plus forts avec notre aînée. Et, d'un point de vue pratique, nous avions déjà tout ce qu'il fallait pour accueillir une deuxième petite fille !

Pendant les neufs mois de grossesse, John n'a cessé de répéter qu'il serait content dans tous les cas. Vers la fin, il a même fini par dire que, s'il devait vraiment choisir, il aimerait une deuxième fille. De mon côté, je n'étais pas encore tout à fait convaincue.

J'ai dit et redit, tant pour moi que pour les autres, que le sexe du bébé ne changerait rien. Mais je me suis rendue compte que mes actions ne suivaient pas. À chaque visite médicale, je comparais le rythme cardiaque du bébé à celui de ma première grossesse. Il était moins rapide que celui de ma fille. Signe que c'était probablement un garçon, non ? Je me suis également rendue compte que je souriais quand les gens regardaient mon ventre en me disant : « Vu sa forme, ce sera un garçon ».

Je faisais le test de l'anneau et d'autres trucs de grands-mères pour deviner le sexe du bébé. Si c'était un garçon, cela me confortait. Mais si c'était une fille, je n'y croyais pas. Quand j'ai réalisé que je nourrissais une préférence pour un fils, je me suis demandée ce que ça changeait.

J'ai fait une fausse couche entre la naissance de nos deux filles et j'ai remarqué que les rares personnes qui étaient au courant avaient encore plus de peine en apprenant le sexe du bébé : « Ma pauvre ! Et, en plus, c'était un petit garçon ! » Comme si la douleur avait été moins grande si j'avais perdu une fille. Je me suis également demandé si cette fausse couche n'expliquait pas mon envie de mettre au monde un garçon.

Ou bien si une sorte d'instinct primitif considérait que la naissance d'une fille était un échec, comme à l'époque des Tudor où l'incapacité de donner naissance à un héritier mâle avait de fâcheuses conséquences pour la mère.

Ce qu'il y a de bien, quand on est une « mère d'âge mûr » (comme me l'ont dit les médecins), c'est qu'on a eu le temps de s'apercevoir qu'on s'était trompée sur bien des choses, et qu'on commence à comprendre qu'une vie parfaite compte moins qu'une vie bien vécue.

Quand je me suis rendue compte que j'étais tombée dans les filets de cette notion absurde du ratio parfait (un garçon, une fille), j'ai vu à quel point ça n'avait aucun sens, et j'ai attendu avec impatience l'arrivée de ce nouvel enfant, quel que soit son sexe.

Je sais qu'aucun de ceux qui croyaient qu'on voulait un garçon, ou qui voulaient qu'on connaisse un jour la joie d'en avoir un, ne pensait à mal. Je suis moi‑même coupable d'avoir bêtement répété aux couples avec une fille et un garçon : « c'est bon, un de chaque ! » Au fond, pourquoi dit‑on ce genre de choses ? Pourquoi une famille se doit‑elle d'avoir un garçon et une fille ?

Même le mois dernier, lors d'un voyage d'affaire à Chicago, le chauffeur de taxi nous a demandé, à deux collègues et à moi-même, combien d'enfants nous avions. Quand nous lui avons répondu que nous en avions deux chacune, il a voulu savoir leur sexe. Mes collègues avaient chacune un garçon et une fille, et quand j'ai répondu que j'avais deux petites, il a dit qu'il me fallait un garçon.

J'ai toujours pensé que j'aurais un garçon, mais j'ai deux filles, ce qui me convient parfaitement. Et je veux que les gens soient contents pour moi, au lieu de lâcher : « Alors, vous allez essayer de nous faire un garçon ? »

C'est dans notre nature de ne vouloir que des garçons, ou que des filles, ou les deux, ou pas d'enfants du tout. Mais arrêtons de croire qu'on veut tous la même chose. Je réfléchis désormais à deux fois avant de faire un commentaire quand je croise des gens qui n'ont qu'un enfant, ou quatre garçons. Et, à moins de les entendre me dire le contraire, je suis sûre qu'ils sont très contents.

De la même façon, je ne vais pas me dire qu'une personne célibataire veut absolument se marier, ou qu'il faut une maman et un papa pour élever des enfants, ou encore que si un couple n'a pas d'enfant, c'est qu'il ne peut pas en avoir. Je me réjouis simplement du fait que le mot « famille » englobe tant de choses différentes.

Neuf mois après la naissance de notre deuxième fille, mon mari en voudrait-il une troisième ? Il a deux petites qui l'adorent, dont une de trois ans qui lui demande si elle peut regarder les matchs de hockey, de football et de baseball avec lui. Difficile de rêver mieux ! On verra s'il change d'avis quand elles seront en âge d'aller au collège. Le connaissant, il me regardera d'un air stupéfait en disant : « Si j'avais su ! »

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Ce blog, publié à l'origine sur Le Huffington Post (États-Unis), a été traduit de l'anglais par Fast for Word.

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