GERMANWINGS - Dans une salle du Terminal 2 de l’aéroport El Prat, à Barcelone, parents et amis de quelques-uns des passagers du vol Germanwings à destination de Dusseldorf, qui s’est écrasé mardi matin dans les Alpes, attendent de nouvelles informations quant au sort de leurs proches. Ce sont pour eux des heures de tension, d’attente, d’incertitude et d’angoisse.
Afin de surmonter ces moments de douleur, ils peuvent compter sur l’appui psychologique du Service des urgences médicales (SEM) de la province de Catalogne et de l’Equipe de réponse aux situations d’urgence (ERIE) de la Croix-Rouge. "Il y a une cinquantaine de personnes à El Prat et pour le moment entre 12 et 15 psychologues ont fait le chemin jusqu’ici", indique au Huffington Post Francesc Bonet, directeur général du SEM. Il y a autant de psychologues des services d’urgence que de volontaires. "Par ailleurs, le Conseil municipal de Barcelone et le Collège des psychologues ont offert leur offre en cas de besoin", ajoute-t-il.
Son travail consiste à offrir un soutien émotionnel aux familles. "L’attente provoque une forte angoisse, car on chérit toujours l’espoir que nos proches soient parmi les possibles survivants", souligne Francesc Bonet. "On essaie d’entretenir des conversations structurées avec ces personnes et de produire un travail de retenue émotionnelle".
En plus de l’équipe dirigée par Francesc Bonet, au milieu du personnel travaillant dans la cellule de crise de l’aéroport El Prat, se trouve une équipe de la Croix Rouge (Creu Roja) composée de 14 personnes, psychologues, travailleurs sociaux, secouristes, coordinateurs et deux traducteurs en allemand. C’est un groupe préparé pour prendre en charge les différents besoins psychosociaux des personnes touchées par une catastrophe et leur donner les soins nécessaires.
En outre, l’organisation peut compter sur un effectif de professionnels affectés dans différentes zones de Catalogne, 20 proches de l’aéroport et 30 dans toute la communauté autonome, prêts à se rendre dans les régions où habitent les proches ayant besoin d’une assistance. Ils sont aussi entrés en contact avec les Croix-Rouge des régions de Huesca, Navarre et de la Communauté valencienne afin d’intervenir en cas de besoin. Et au sein de l’Institut Giola de Llinars del Vallès (Barcelone), où se trouvaient les étudiants allemands en échange, 11 membres du personnel de la Creu Roja offrent leur aide à ceux qui en ont besoin.
La première tâche des psychologues consiste à aider les proches de victimes à "se détendre et à accepter peu à peu la réalité des faits", ainsi que l’explique Mónica Pereira, spécialisée dans les interventions de crise, qui a apporté son aide à l’époque de l’accident de Spanair à Barajas en 2008. "En général ils passent par un premier moment d’incrédulité, pendant lequel ils se disent ‘non ce n’est pas possible, ça n’est pas en train d’arriver ' puis ils en viennent à accepter la douleur", indique-t-elle.
De son côté, Ana Isabel Martínez, coordinatrice du groupe d’intervention pour les catastrophes et urgences du Collège de psychologie de Galice, explique que les premiers instants sont marqués par une grande confusion, à cause du manque d’informations officielles au moment où les autorités se coordonnent. "Nous ne restons pas collés aux familles, mais juste à leur disposition pour le cas où leurs proches ne parviendraient pas à fournir un soutien suffisant. Nous fournissons aussi une aide dans la gestion du dispositif, car de nombreux professionnels sont mobilisés", ajoute-t-elle.
D’après Ana Isabel Martínez, qui était aux premiers rangs dans le dispositif psychologique déployé après le déraillement de l’Alvia à Angrois, en juillet 2013, ce que demandent le plus les proches "ce sont des informations sur l’accident et sur la suite des opérations ainsi que sur le temps que tout ça va prendre". Par exemple, dit-elle, ils se demandent souvent s’ils seront emmenés sur les lieux du drame pour l’identification des victimes.
LES PHASES DE DEUIL
Dans les premières heures, les psychologues tentent de contenir la phase de crise vécue par les proches, comme l’indique Mónica Pereira, qui précise: "il s’agit de pics d’anxiété ou de comportements agressifs". Les psychologues les aident à "laisser s’échapper le mal-être" et à gérer leur anxiété, avec par exemple des techniques de respiration et de relaxation "pour contrôler la partie physiologique et pouvoir ensuite passer à un travail plus psychologique", déclare-t-elle.
"Nous fournissons un travail d’accompagnement, car dès qu’une information arrive l’esprit se met à penser et à croire certaines choses... Nous agissons comme un contact avec la réalité et nous gérons l’attente", explique Mónica Pereira. Comme l’explique la psychologue, après la première phase de choc, si les informations reçues sont mauvaises, il est courant —car chaque personne réagit de manière différente en fonction de ses expériences— que le sentiment ressenti soit la colère: "Comme la personne n’est pas capable de l’accepter, elle se fait sa propre explication et parfois sa réaction est négative", déclare Mónica Pereira.
La troisième phase est plus longue: c’est celle où la personne prend conscience de ce qui vient de se passer et commence à penser aux conséquences dans sa vie de tous les jours. La quatrième phase consiste à une réorganisation de sa vie sans l’être aimé. "Nous estimons qu’il faut normalement un an, durant lequel vont passer toutes les dates-clés, afin que se normalise le deuil", déclare l’experte.
D’après Ana María Arranz, ce sont les psychologues qui se tiennent au plus près des familles : "Nous sommes avec elles jusqu’à ce que le dispositif soit terminé". Comme l’ajoute Monica Pereira, depuis le 11 mars (date à laquelle ont eu lieu les attentats de Madrid) il y a beaucoup plus de personnes formées pour fournir de l’aide lors de telles catastrophes: "Pas seulement des experts dans le domaine, mais aussi des agents des services de santé, des pompiers, des policiers... qui sont de mieux en mieux préparés pour fournir les premiers soins psychologiques". Selon elle, ce type de formation devrait être continu, car "malheureusement, on ne donne des cours que quand ce genre de drames se produit".
Cet article publié à l’origine sur le Huffington Post Espagne a été traduit de l’espagnol par Matthieu Carlier.
Afin de surmonter ces moments de douleur, ils peuvent compter sur l’appui psychologique du Service des urgences médicales (SEM) de la province de Catalogne et de l’Equipe de réponse aux situations d’urgence (ERIE) de la Croix-Rouge. "Il y a une cinquantaine de personnes à El Prat et pour le moment entre 12 et 15 psychologues ont fait le chemin jusqu’ici", indique au Huffington Post Francesc Bonet, directeur général du SEM. Il y a autant de psychologues des services d’urgence que de volontaires. "Par ailleurs, le Conseil municipal de Barcelone et le Collège des psychologues ont offert leur offre en cas de besoin", ajoute-t-il.
Son travail consiste à offrir un soutien émotionnel aux familles. "L’attente provoque une forte angoisse, car on chérit toujours l’espoir que nos proches soient parmi les possibles survivants", souligne Francesc Bonet. "On essaie d’entretenir des conversations structurées avec ces personnes et de produire un travail de retenue émotionnelle".
En plus de l’équipe dirigée par Francesc Bonet, au milieu du personnel travaillant dans la cellule de crise de l’aéroport El Prat, se trouve une équipe de la Croix Rouge (Creu Roja) composée de 14 personnes, psychologues, travailleurs sociaux, secouristes, coordinateurs et deux traducteurs en allemand. C’est un groupe préparé pour prendre en charge les différents besoins psychosociaux des personnes touchées par une catastrophe et leur donner les soins nécessaires.
Los psicólogos de #ERIEPsicosocial en el Prat con las familias afectadas por el accidente de #Germanwings pic.twitter.com/3ly4m5QfOt
— Creu Roja Catalunya (@CreuRojaCAT) marzo 24, 2015
En outre, l’organisation peut compter sur un effectif de professionnels affectés dans différentes zones de Catalogne, 20 proches de l’aéroport et 30 dans toute la communauté autonome, prêts à se rendre dans les régions où habitent les proches ayant besoin d’une assistance. Ils sont aussi entrés en contact avec les Croix-Rouge des régions de Huesca, Navarre et de la Communauté valencienne afin d’intervenir en cas de besoin. Et au sein de l’Institut Giola de Llinars del Vallès (Barcelone), où se trouvaient les étudiants allemands en échange, 11 membres du personnel de la Creu Roja offrent leur aide à ceux qui en ont besoin.
La première tâche des psychologues consiste à aider les proches de victimes à "se détendre et à accepter peu à peu la réalité des faits", ainsi que l’explique Mónica Pereira, spécialisée dans les interventions de crise, qui a apporté son aide à l’époque de l’accident de Spanair à Barajas en 2008. "En général ils passent par un premier moment d’incrédulité, pendant lequel ils se disent ‘non ce n’est pas possible, ça n’est pas en train d’arriver ' puis ils en viennent à accepter la douleur", indique-t-elle.
De son côté, Ana Isabel Martínez, coordinatrice du groupe d’intervention pour les catastrophes et urgences du Collège de psychologie de Galice, explique que les premiers instants sont marqués par une grande confusion, à cause du manque d’informations officielles au moment où les autorités se coordonnent. "Nous ne restons pas collés aux familles, mais juste à leur disposition pour le cas où leurs proches ne parviendraient pas à fournir un soutien suffisant. Nous fournissons aussi une aide dans la gestion du dispositif, car de nombreux professionnels sont mobilisés", ajoute-t-elle.
D’après Ana Isabel Martínez, qui était aux premiers rangs dans le dispositif psychologique déployé après le déraillement de l’Alvia à Angrois, en juillet 2013, ce que demandent le plus les proches "ce sont des informations sur l’accident et sur la suite des opérations ainsi que sur le temps que tout ça va prendre". Par exemple, dit-elle, ils se demandent souvent s’ils seront emmenés sur les lieux du drame pour l’identification des victimes.
LES PHASES DE DEUIL
Dans les premières heures, les psychologues tentent de contenir la phase de crise vécue par les proches, comme l’indique Mónica Pereira, qui précise: "il s’agit de pics d’anxiété ou de comportements agressifs". Les psychologues les aident à "laisser s’échapper le mal-être" et à gérer leur anxiété, avec par exemple des techniques de respiration et de relaxation "pour contrôler la partie physiologique et pouvoir ensuite passer à un travail plus psychologique", déclare-t-elle.
"Nous fournissons un travail d’accompagnement, car dès qu’une information arrive l’esprit se met à penser et à croire certaines choses... Nous agissons comme un contact avec la réalité et nous gérons l’attente", explique Mónica Pereira. Comme l’explique la psychologue, après la première phase de choc, si les informations reçues sont mauvaises, il est courant —car chaque personne réagit de manière différente en fonction de ses expériences— que le sentiment ressenti soit la colère: "Comme la personne n’est pas capable de l’accepter, elle se fait sa propre explication et parfois sa réaction est négative", déclare Mónica Pereira.
La troisième phase est plus longue: c’est celle où la personne prend conscience de ce qui vient de se passer et commence à penser aux conséquences dans sa vie de tous les jours. La quatrième phase consiste à une réorganisation de sa vie sans l’être aimé. "Nous estimons qu’il faut normalement un an, durant lequel vont passer toutes les dates-clés, afin que se normalise le deuil", déclare l’experte.
D’après Ana María Arranz, ce sont les psychologues qui se tiennent au plus près des familles : "Nous sommes avec elles jusqu’à ce que le dispositif soit terminé". Comme l’ajoute Monica Pereira, depuis le 11 mars (date à laquelle ont eu lieu les attentats de Madrid) il y a beaucoup plus de personnes formées pour fournir de l’aide lors de telles catastrophes: "Pas seulement des experts dans le domaine, mais aussi des agents des services de santé, des pompiers, des policiers... qui sont de mieux en mieux préparés pour fournir les premiers soins psychologiques". Selon elle, ce type de formation devrait être continu, car "malheureusement, on ne donne des cours que quand ce genre de drames se produit".
Cet article publié à l’origine sur le Huffington Post Espagne a été traduit de l’espagnol par Matthieu Carlier.
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