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Nous devons briser le premier plafond de verre dont les femmes sont victimes

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SCIENCES - Nous avons besoin des sciences et des technologies pour répondre aux grandes problématiques de notre monde. Ces défis nous concernent toutes et tous, et les femmes doivent apporter leur intelligence et leur compétence sur ces sujets. La mixité des approches est une force face à ces enjeux, une chance et une nécessité pour les sciences.

Pourtant, deux siècles après que Talleyrand ait dit: "Là où tant d'hommes ont échoué, une femme peut réussir" et plus d'un siècle après l'attribution du prix Nobel à Marie Curie, que d'obstacles! Certes, plus de 80% des femmes sont actives mais force est de constater que les femmes demeurent minoritaires dans certaines filières d'études plus particulièrement dans les sciences dites "dures", et dans les carrières scientifiques et métiers d'ingénieurs. Et pourtant, elles ont par ailleurs de meilleurs résultats au baccalauréat scientifique!

Cette situation paradoxale ne cesse de m'interpeller et il m'est arrivé souvent de m'engager. J'ai conscience de l'exemplarité que mon propre parcours de vie peut représenter pour certaines, et j'ai également conscience de la responsabilité qui en découle. Une responsabilité de transmettre, de montrer que la science n'est ni lointaine, ni réservée, mais accessible et passionnante, que les innovations des ingénieurs sont nécessaires pour construire et améliorer le monde.

On ne doit pas se résoudre à attendre que les choses changent d'elles-mêmes: lever les obstacles nécessite une action énergique. Des mesures concrètes engagées ces dernières années par notre société civile et politique montrent que nous avons pris conscience de l'urgence de l'ouverture et des bénéfices de la diversité. Mais les limites que l'on se fixe à soi-même ne peuvent être abolies par décret.

Les raisons de ces inégalités sont aussi intolérables que difficiles à combattre. Surtout quand il s'agit de combattre des idées avant de lutter contre des faits. "Il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé.", disait en effet Einstein. Comment nier que le premier plafond de verre dont sont victimes les femmes dans notre société est d'abord celui des mentalités?

Et ces idées préconçues ne sont pas sans conséquence sur l'orientation scolaire des filles: aux filles la littérature, aux garçons les sciences... Ce schéma traditionnel reste profondément ancré dans les esprits, sans pourtant reposer sur un fondement objectif. Les clichés sont tenaces.

Pire, il faut l'avouer, l'orientation scolaire sexuée n'est pas seulement un phénomène subi: les filles, en s'autocensurant et en sous-estimant leurs capacités, sont souvent victimes d'elles-mêmes.

La conclusion qu'il faut en tirer est claire: il faut donner le goût des sciences aux jeunes filles, les inciter à suivre leur passion, et les convaincre de substituer l'audace et l'action au fatalisme. Un choix qui n'est pas aisé, j'en conviens, dans une société qui se distingue par son niveau d'exigence envers les femmes sur tous les plans. Non, le modèle de la "super woman" n'a pas vraiment disparu. Aujourd'hui, la femme doit être une mère, une épouse, une professionnelle. Doit-on pour autant viser la perfection? Je ne le pense pas, en tous cas ne pas attendre de l'avoir atteint...! En revanche suivre notre ambition, en empruntant le chemin des sciences.

Un chemin que j'ai moi-même emprunté, sans qu'à aucun moment le fait d'être une femme ne détermine mes choix d'orientation. J'ai certes eu la chance extraordinaire d'avoir un entourage qui m'a encouragé. Mais le moteur essentiel a sans doute été le plaisir, la curiosité et l'émerveillement que la science éveillait en moi. C'est pourquoi je pense que les femmes n'ont pas encore la place qui devrait être la leur dans les sciences, comme, plus largement, au sein de la société.

Pour un épanouissement individuel mais également pour une réussite collective. Je crois en effet qu'une société qui permet aux femmes d'accéder plus largement au monde de la science, n'est pas qu'une société altruiste, généreuse, tolérante, morale. C'est d'abord une société intelligente, qui augmente ses chances de succès global. Une société qui ne se prive pas de la moitié de ses talents. Une société qui se souvient qu'elle a besoin des femmes plus encore que les femmes n'ont besoin d'elles.

Pour aller plus loin:

Docteure en médecine, spationaute, ancien ministre, ancienne Présidente d'Universcience, Claudie Haigneré est conseillère auprès du directeur général de l'Agence Spaciale Européenne. Elle sera l'invitée des Rencontres de la fondation EDF le lundi 11 mai à 19h sur le thème " Les ingénieures pionnières"

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Espace Fondation EDF
6, rue Récamier - 75007 Paris
Métro : Sèvres-Babylone ou Saint-Sulpice



Lire aussi:

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Pourquoi nous avons besoin des femmes pour faire avancer la science

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