SANTE - D'ici à 2030, l'OMS craint une "épidémie" d'obésité générant une "crise immense". Selon les plus récents chiffres, 2 milliards de personnes, soit près d'un tiers de la population mondiale, sont en surpoids ou obèses.
La recherche sur cette maladie avance, en particulier sur les facteurs qui peuvent expliquer que certaines personnes soient plus enclines que d'autres à la développer. Si on sait désormais que la génétique joue un grand rôle, les habitudes alimentaires et l'environnement ont aussi leur part de responsabilité dans la balance. L'image de la personne obèse fainéante qui par manque de volonté ne parvient pas à maigrir est bien loin. A l'occasion de la Journée européenne de l'obésité ce samedi 23 mai, Le HuffPost fait le point.
C'est certain, l'obésité peut être expliquée par une prédisposition génétique. En 2007, un gène du nom de FTO a été identifié comme étant un facteur de risque. Plus récemment, des chercheurs de l’University College London ont découvert qu'une variation de ce gène pourrait être impliquée dans la maladie. Publiée dans la revue Sciences, leur étude montre que les personnes porteuses de cette mutation génétique connaissent davantage la sensation de faim et par conséquent la prise de poids.
En 2014, un groupe de chercheurs français et anglais ont découvert une autre piste génétique pouvant expliquer l'obésité. Leur étude, publiée en mars dans la revue Nature Genetics, met en avant le rôle du gène AMY1, codant pour l'amylase salivaire. Les scientifiques ont trouvé que les personnes qui en possèdent un petit nombre de copie ont 10 fois plus de risques que les autres d'être obèses. Chaque copie en moins de ce gène augmenterait même le risque d'obésité de 20%.
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C'est évidemment plus complexe qu'une seule mutation ou un seul gène. 97 variants de gènes auraient un impact sur le poids, selon une étude réalisée sur 300.000 personnes et publiée en février 2015 dans la revue Nature. Intriguant, ces gènes influeraient le cerveau plutôt que le métabolisme. "En se penchant sur l'obésité, nous ne nous attendions pas nécessairement à voir des gènes qui travaillent dans le cerveau", souligne l'épidémiologiste génétique de l'université du Michigan Elizabeth Speliotes. Rétrospectivement, ce n'est pas surprenant que l'appétit et les manières de se nourrir jouent un rôle important", poursuit la chercheuse.
Cause génétique ou alimentaire? Sans aucun doute, les mutations génétiques y sont pour quelque chose. Mais comme le souligne le site Pacific Standard, une fois ce constat posé, le risque est d'oublier que l'environnement et les comportements ont eux aussi une forte influence sur l'obésité.
Pour définir l'obésité, la médecine parle généralement d'un "excès de poids par augmentation de la masse de tissu adipeux". Outre les prédispositions génétiques, l'alimentation et l'activité physique peuvent évidemment jouer un grand rôle dans cet excès de poids. Cela peut s'expliquer entre autre par un déséquilibre entre l'apport alimentaire et la dépense énergétique. Depuis les années 80-90, comme l'explique le ministère de la Santé, "ce déséquilibre s’est installé à cause du recul spectaculaire de l’activité physique et de la modification des habitudes alimentaires. Avec une absorption accrue de boissons sucrées et d’aliments à haute densité énergétique et pauvres en nutriments, associée à une consommation insuffisante de fruits et de légumes." Un déséquilibre qui s'accroît chez les classes sociales les moins favorisées, qui ont moins les moyens de se nourrir sainement et un risque plus important de se retrouver en surpoids.
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En septembre 2013, un médecin français, Frédéric Lapostolle a cherché à démontrer quel lien de cause à effet pouvait exister entre le nombre de restaurants McDonald's et le taux d'obésité des personnes aux alentours. Ses conclusions ont été publiées dans la revue Journal of Internal Medecine.
Frédéric Lapostolle a comparé le taux d'obésité dans 44 pays, dont les 10 pays les plus peuplés du monde, grâce à des chiffres fournis par l'OMS, l'Organisation mondiale de la Santé. Il a également calculé le nombre de restaurants McDonald's par million d'habitants. Son étude couvre donc 75% de la population mondiale et 95% des McDonald's comme le rappelle Metronews.
Plus la densité de restaurants de cette enseigne est importante, plus grand est le nombre de personnes obèses. Aux États-Unis, au Canada, au Japon, en Australie et en France, les pays où le nombre de restaurants McDonald's est le plus important, on comptent en moyenne 25% de personnes obèses. Attention, il ne s'agit pas de dire que les fast food nous rendent obèses, ils sont plutôt la conséquence que la cause du phénomène. “McDonald’s est un parfait accompagnateur de l’évolution d’une société, il ne s’installe pas là où personne ne connaît le steak et la frite. En Chine, dans les grandes villes, il y en a beaucoup, alors qu’à 200 kilomètres de Pékin, là où on vit comme au Moyen-Age, il n’y en a pas”, expliquait ainsi Frédéric Lapostolle, interrogé sur Europe1.fr.
Notre régime alimentaire a-t-il changé depuis les années 60? Pas vraiment. Selon une étude menée par l'Université de Stanford, l'apport calorique journalier des Américains n'a par exemple pas changé. Un phénomène également présent en France selon Réginald Allouche, médecin spécialisé dans le diabète et auteur du livre Du plaisir du sucre au risque de prédiabète.
En revanche, la qualité des aliments que nous mangeons a changé et cela n'est pas un détail. Les graisses hydrogénées ou encore le sirop de fructose n'étaient pas utilisés (ni même connus) dans les années 60. "Il n'y a pas que la quantité mais aussi la qualité de ce que l'on mange qui est déterminant dans la prise de poids", rappelle Réginald Allouche interrogé sur Atlantico.
Ainsi, en février 2015, une étude américaine publiée dans la revue Nature, a montré que les émulsifiants, des substances qui permettent que les préparations alimentaires comme la mayonnaise, la vinaigrette ou les crèmes glacées restent stables et qui sont très utilisées par l'industrie alimentaire jouaient aussi un rôle dans l'obésité. Testées sur des souris, ces substances ont modifié l'action de certaines bactéries présentes dans le colon.
Sans changer leur régime alimentaire, les chercheurs ont donné à des souris en bonne santé de l'eau contenant 15 des émulsifiants les plus couramment utilisés. Les souris sont devenues obèses et ont développé des problèmes métaboliques comme l'intolérance au glucose. Selon les chercheurs, les émulsifiants peuvent être responsables d'inflammations intestinales : ils affaiblissent le mucus qui tapisse l'intestin des mammifères et provoquent une brèche dans laquelle se ruent les bactéries naturellement présentes dans l'intestin. Cette inflammation de l'intestin entraîne une prise de poids, une augmentation du cholestérol, une pression sanguine plus élevée et du diabète.
Comme le rappelle Le Figaro, après la génétique, la recherche s'intéresse désormais de près au rôle des bactéries intestinales dans le développement de l'obésité. Celles-ci pourraient par exemple favoriser l'absorption de nutriments et produire des substances qui augmenteraient la capacité de stockage des cellules graisseuses.
Toutefois, pour comprendre entièrement l'obésité, c'est certainement l'environnement d'un individu dans son ensemble qu'il faudrait prendre en compte. D'autres facteurs que la génétique, l'alimentation, la flore intestinale, comme le stress, semblent jouer sur le développement de l'obésité. Une étude publiée en 2012 dans la revue Nature Medicine venait ajouter un élément au tableau en mettant en avant qu'en cas de stress important, un individu serait plus susceptible de prendre du poids. En réalisant des tests sur des souris, les chercheurs ont constaté que le stress favorisait le stock de masse grasse.
A tout ceci, il faudrait encore ajouter l'influence de l'éducation parentale, des moyens de transports, des revenus, comme on l'évoquait plus haut... Ainsi, la génétique joue un rôle mais celui-ci n'est pas isolé et doit être appréhendé au sein d'un ensemble de facteurs.
La recherche sur cette maladie avance, en particulier sur les facteurs qui peuvent expliquer que certaines personnes soient plus enclines que d'autres à la développer. Si on sait désormais que la génétique joue un grand rôle, les habitudes alimentaires et l'environnement ont aussi leur part de responsabilité dans la balance. L'image de la personne obèse fainéante qui par manque de volonté ne parvient pas à maigrir est bien loin. A l'occasion de la Journée européenne de l'obésité ce samedi 23 mai, Le HuffPost fait le point.
Une affaire de gènes
C'est certain, l'obésité peut être expliquée par une prédisposition génétique. En 2007, un gène du nom de FTO a été identifié comme étant un facteur de risque. Plus récemment, des chercheurs de l’University College London ont découvert qu'une variation de ce gène pourrait être impliquée dans la maladie. Publiée dans la revue Sciences, leur étude montre que les personnes porteuses de cette mutation génétique connaissent davantage la sensation de faim et par conséquent la prise de poids.
En 2014, un groupe de chercheurs français et anglais ont découvert une autre piste génétique pouvant expliquer l'obésité. Leur étude, publiée en mars dans la revue Nature Genetics, met en avant le rôle du gène AMY1, codant pour l'amylase salivaire. Les scientifiques ont trouvé que les personnes qui en possèdent un petit nombre de copie ont 10 fois plus de risques que les autres d'être obèses. Chaque copie en moins de ce gène augmenterait même le risque d'obésité de 20%.

C'est évidemment plus complexe qu'une seule mutation ou un seul gène. 97 variants de gènes auraient un impact sur le poids, selon une étude réalisée sur 300.000 personnes et publiée en février 2015 dans la revue Nature. Intriguant, ces gènes influeraient le cerveau plutôt que le métabolisme. "En se penchant sur l'obésité, nous ne nous attendions pas nécessairement à voir des gènes qui travaillent dans le cerveau", souligne l'épidémiologiste génétique de l'université du Michigan Elizabeth Speliotes. Rétrospectivement, ce n'est pas surprenant que l'appétit et les manières de se nourrir jouent un rôle important", poursuit la chercheuse.
Cause génétique ou alimentaire? Sans aucun doute, les mutations génétiques y sont pour quelque chose. Mais comme le souligne le site Pacific Standard, une fois ce constat posé, le risque est d'oublier que l'environnement et les comportements ont eux aussi une forte influence sur l'obésité.
Et le fast-food dans tout ça?
Pour définir l'obésité, la médecine parle généralement d'un "excès de poids par augmentation de la masse de tissu adipeux". Outre les prédispositions génétiques, l'alimentation et l'activité physique peuvent évidemment jouer un grand rôle dans cet excès de poids. Cela peut s'expliquer entre autre par un déséquilibre entre l'apport alimentaire et la dépense énergétique. Depuis les années 80-90, comme l'explique le ministère de la Santé, "ce déséquilibre s’est installé à cause du recul spectaculaire de l’activité physique et de la modification des habitudes alimentaires. Avec une absorption accrue de boissons sucrées et d’aliments à haute densité énergétique et pauvres en nutriments, associée à une consommation insuffisante de fruits et de légumes." Un déséquilibre qui s'accroît chez les classes sociales les moins favorisées, qui ont moins les moyens de se nourrir sainement et un risque plus important de se retrouver en surpoids.

En septembre 2013, un médecin français, Frédéric Lapostolle a cherché à démontrer quel lien de cause à effet pouvait exister entre le nombre de restaurants McDonald's et le taux d'obésité des personnes aux alentours. Ses conclusions ont été publiées dans la revue Journal of Internal Medecine.
Frédéric Lapostolle a comparé le taux d'obésité dans 44 pays, dont les 10 pays les plus peuplés du monde, grâce à des chiffres fournis par l'OMS, l'Organisation mondiale de la Santé. Il a également calculé le nombre de restaurants McDonald's par million d'habitants. Son étude couvre donc 75% de la population mondiale et 95% des McDonald's comme le rappelle Metronews.
Plus la densité de restaurants de cette enseigne est importante, plus grand est le nombre de personnes obèses. Aux États-Unis, au Canada, au Japon, en Australie et en France, les pays où le nombre de restaurants McDonald's est le plus important, on comptent en moyenne 25% de personnes obèses. Attention, il ne s'agit pas de dire que les fast food nous rendent obèses, ils sont plutôt la conséquence que la cause du phénomène. “McDonald’s est un parfait accompagnateur de l’évolution d’une société, il ne s’installe pas là où personne ne connaît le steak et la frite. En Chine, dans les grandes villes, il y en a beaucoup, alors qu’à 200 kilomètres de Pékin, là où on vit comme au Moyen-Age, il n’y en a pas”, expliquait ainsi Frédéric Lapostolle, interrogé sur Europe1.fr.
La réponse est aussi dans notre intestin...
Notre régime alimentaire a-t-il changé depuis les années 60? Pas vraiment. Selon une étude menée par l'Université de Stanford, l'apport calorique journalier des Américains n'a par exemple pas changé. Un phénomène également présent en France selon Réginald Allouche, médecin spécialisé dans le diabète et auteur du livre Du plaisir du sucre au risque de prédiabète.
En revanche, la qualité des aliments que nous mangeons a changé et cela n'est pas un détail. Les graisses hydrogénées ou encore le sirop de fructose n'étaient pas utilisés (ni même connus) dans les années 60. "Il n'y a pas que la quantité mais aussi la qualité de ce que l'on mange qui est déterminant dans la prise de poids", rappelle Réginald Allouche interrogé sur Atlantico.
Ainsi, en février 2015, une étude américaine publiée dans la revue Nature, a montré que les émulsifiants, des substances qui permettent que les préparations alimentaires comme la mayonnaise, la vinaigrette ou les crèmes glacées restent stables et qui sont très utilisées par l'industrie alimentaire jouaient aussi un rôle dans l'obésité. Testées sur des souris, ces substances ont modifié l'action de certaines bactéries présentes dans le colon.
Sans changer leur régime alimentaire, les chercheurs ont donné à des souris en bonne santé de l'eau contenant 15 des émulsifiants les plus couramment utilisés. Les souris sont devenues obèses et ont développé des problèmes métaboliques comme l'intolérance au glucose. Selon les chercheurs, les émulsifiants peuvent être responsables d'inflammations intestinales : ils affaiblissent le mucus qui tapisse l'intestin des mammifères et provoquent une brèche dans laquelle se ruent les bactéries naturellement présentes dans l'intestin. Cette inflammation de l'intestin entraîne une prise de poids, une augmentation du cholestérol, une pression sanguine plus élevée et du diabète.
Comme le rappelle Le Figaro, après la génétique, la recherche s'intéresse désormais de près au rôle des bactéries intestinales dans le développement de l'obésité. Celles-ci pourraient par exemple favoriser l'absorption de nutriments et produire des substances qui augmenteraient la capacité de stockage des cellules graisseuses.
Toutefois, pour comprendre entièrement l'obésité, c'est certainement l'environnement d'un individu dans son ensemble qu'il faudrait prendre en compte. D'autres facteurs que la génétique, l'alimentation, la flore intestinale, comme le stress, semblent jouer sur le développement de l'obésité. Une étude publiée en 2012 dans la revue Nature Medicine venait ajouter un élément au tableau en mettant en avant qu'en cas de stress important, un individu serait plus susceptible de prendre du poids. En réalisant des tests sur des souris, les chercheurs ont constaté que le stress favorisait le stock de masse grasse.
A tout ceci, il faudrait encore ajouter l'influence de l'éducation parentale, des moyens de transports, des revenus, comme on l'évoquait plus haut... Ainsi, la génétique joue un rôle mais celui-ci n'est pas isolé et doit être appréhendé au sein d'un ensemble de facteurs.
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