SANTÉ - Lorsque l'épidémie d'Ebola qui fait rage en Afrique de l'Ouest touchera enfin à sa fin, elle se résumera en deux mots: "zéro cas". Mais cette étape majeure marquera également le début d'un nouveau combat pour surmonter une crise qui a coûté la vie à plus de 10.000 personnes.
L'épidémie d'Ebola n'a pas seulement braqué les projecteurs sur l'énorme fossé qui existe entre les pays riches et les pays pauvres; elle l'a creusé et a enfoncé encore davantage dans la pauvreté les populations du Liberia, de Sierra Leone et de Guinée.
L'épidémie d'Ebola a démontré, de manière criante que la santé et l'accès aux systèmes qui la protègent sont le ciment de nos sociétés. Une maladie infectieuse peut paralyser un pays aussi efficacement qu'un conflit armé. A l'heure de la reconstruction, il n'est pas suffisant de rétablir les choses telles qu'elles étaient établies auparavant. Il faut les améliorer. Une nécessité alors que les pays sont exposés à d'autres flambées épidémiques de maladies plus familières.
Il faut s'attendre en effet à beaucoup plus de victimes indirectes d'Ebola dans le futur, la plupart malheureusement des enfants. Au cours de la seule année 2014, près de 250.000 enfants originaires des trois pays les plus durement touchés n'ont pas reçu les vaccins de base d'importance vitale pour la santé. Cela signifie que des flambées épidémiques d'autres maladies vont probablement survenir: la rougeole -une maladie bien plus infectieuse qu'Ebola qui tue 400 personnes chaque jour dans le monde- le tétanos, la coqueluche et la poliomyélite, par exemple.
Comble d'infortune, ces pays commençaient à faire des progrès en matière de santé avant l'apparition de l'épidémie d'Ebola. Grâce au soutien des organismes de santé mondiale, le Liberia était notamment parvenu à améliorer sa couverture vaccinale et à réduire de deux tiers la mortalité infantile depuis 1990. Mais le système de santé n'était pas suffisamment armé pour faire face au virus dévastateur et, en 2014, tout s'est rapidement effondré. La couverture par la vaccination systématique est ainsi passée de 88 % à environ 60%.
Une situation particulièrement préoccupante car la vaccination infantile est une mesure de santé publique efficace. Non seulement parce qu'elle touche les populations les plus vulnérables de la société, mais également parce que les infrastructures médicales et les services de vaccination jouent un rôle déterminant afin de garantir l'accès à d'autres interventions essentielles, comme les soins de santé maternelle, les compléments alimentaires, les traitements antiparasitaires et la prévention du paludisme.
Selon la Banque mondiale, le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée pourraient perdre 12% de leur PIB combiné en raison de l'épidémie d'Ebola. Pour combler ce retard économique et empêcher l'apparition d'épidémies futures, il est essentiel que les 5,1 milliards US$ consacrés à la riposte au virus Ebola et au redressement d'après-crise en Afrique de l'Ouest soient utilisés avec une efficacité maximale. Moderniser les infrastructures et la gestion des ressources humaines à l'appui du Programme élargi de vaccination (PEV) est une des pistes possibles.
Créée dans les années 1970 par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour réduire la mortalité infantile en garantissant l'accès aux vaccins à tous les enfants, l'architecture du PEV est restée quasiment identique à celle utilisée il y a quarante ans.
Les systèmes d'approvisionnement sont archaïques, disposant d'un parc d'équipements de la chaîne du froid vieillissant (systèmes de réfrigération nécessaires pour maintenir les vaccins à une température spécifique) et de moyens limités pour assurer l'exactitude des données. Face à ces réalités, il est difficile de gérer et d'optimiser les stocks de vaccins, mais aussi d'atteindre chaque enfant.
Ces problèmes ne sont pas l'apanage de l'Afrique de l'Ouest; ils sont fréquents dans de nombreux pays en développement, pour la simple raison que la modernisation des outils coûte de l'argent. Cependant en rassemblant les demandes, il serait possible d'obtenir les fournitures et le matériel nécessaires à des prix tout à fait abordables. Par exemple, acheter des réfrigérateurs solaires avec des fonds communs favoriserait la stabilité et l'attractivité du marché permettant d'attirer de nouveaux fournisseurs, de stimuler la concurrence et de faire baisser les prix.
Lors de la création de gavi en 2000, c'est cette approche qui a été adoptée afin de garantir les prix les plus bas pour les vaccins. L'Alliance du Vaccin lève ainsi des fonds à grande échelle et les utilise pour garantir un financement prévisible à long terme pour les fabricants, ce qui permet d'attirer de nouveaux fournisseurs mais aussi de renforcer le marché. Gavi est parvenue à faire baisser de manière significative le prix des vaccins nouveaux et sous-utilisés -jusqu'à 90% dans certains cas. Cela a permis à Gavi et à ses partenaires, comme l'UNICEF et l'OMS, d'introduire des vaccins ciblant entre autres les formes les plus courantes de pneumonie et de diarrhée, les deux maladies les plus meurtrières chez les enfants de moins de cinq ans.
Depuis 2000, 500 millions d'enfants ont été vaccinés et près de 7 millions de décès prématurés évités grâce aux programmes financés par l'Alliance. Désormais, en appliquant les mêmes principes à l'architecture sous-jacente des services de distribution des vaccins et autres services de santé, il est possible de générer de faire des économies: la communauté mondiale de la santé et les gouvernements peuvent ainsi créer des systèmes de santé plus robustes et plus résilients.
Après plus d'une année de pertes dramatiques aussi bien humaines et économiques que de désespoir, on est tenté de se réjouir de la fin de l'épidémie. Par ailleurs, avec deux vaccins contre le virus Ebola actuellement en phase d'essais cliniques, le monde devrait sans doute être mieux préparé. Cependant à moins d'une hausse considérable des taux de vaccination infantile et d'un renforcement des systèmes de santé, la situation ne va pas s'améliorer. La reconstruction ne se limite pas seulement à la lutte contre une maladie infectieuse; il s'agit également de combattre la pauvreté en garantissant à tous les enfants l'accès à la santé et particulièrement aux vaccins salvateurs.
L'épidémie d'Ebola n'a pas seulement braqué les projecteurs sur l'énorme fossé qui existe entre les pays riches et les pays pauvres; elle l'a creusé et a enfoncé encore davantage dans la pauvreté les populations du Liberia, de Sierra Leone et de Guinée.
L'épidémie d'Ebola a démontré, de manière criante que la santé et l'accès aux systèmes qui la protègent sont le ciment de nos sociétés. Une maladie infectieuse peut paralyser un pays aussi efficacement qu'un conflit armé. A l'heure de la reconstruction, il n'est pas suffisant de rétablir les choses telles qu'elles étaient établies auparavant. Il faut les améliorer. Une nécessité alors que les pays sont exposés à d'autres flambées épidémiques de maladies plus familières.
Il faut s'attendre en effet à beaucoup plus de victimes indirectes d'Ebola dans le futur, la plupart malheureusement des enfants. Au cours de la seule année 2014, près de 250.000 enfants originaires des trois pays les plus durement touchés n'ont pas reçu les vaccins de base d'importance vitale pour la santé. Cela signifie que des flambées épidémiques d'autres maladies vont probablement survenir: la rougeole -une maladie bien plus infectieuse qu'Ebola qui tue 400 personnes chaque jour dans le monde- le tétanos, la coqueluche et la poliomyélite, par exemple.
Comble d'infortune, ces pays commençaient à faire des progrès en matière de santé avant l'apparition de l'épidémie d'Ebola. Grâce au soutien des organismes de santé mondiale, le Liberia était notamment parvenu à améliorer sa couverture vaccinale et à réduire de deux tiers la mortalité infantile depuis 1990. Mais le système de santé n'était pas suffisamment armé pour faire face au virus dévastateur et, en 2014, tout s'est rapidement effondré. La couverture par la vaccination systématique est ainsi passée de 88 % à environ 60%.
Une situation particulièrement préoccupante car la vaccination infantile est une mesure de santé publique efficace. Non seulement parce qu'elle touche les populations les plus vulnérables de la société, mais également parce que les infrastructures médicales et les services de vaccination jouent un rôle déterminant afin de garantir l'accès à d'autres interventions essentielles, comme les soins de santé maternelle, les compléments alimentaires, les traitements antiparasitaires et la prévention du paludisme.
Selon la Banque mondiale, le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée pourraient perdre 12% de leur PIB combiné en raison de l'épidémie d'Ebola. Pour combler ce retard économique et empêcher l'apparition d'épidémies futures, il est essentiel que les 5,1 milliards US$ consacrés à la riposte au virus Ebola et au redressement d'après-crise en Afrique de l'Ouest soient utilisés avec une efficacité maximale. Moderniser les infrastructures et la gestion des ressources humaines à l'appui du Programme élargi de vaccination (PEV) est une des pistes possibles.
Créée dans les années 1970 par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour réduire la mortalité infantile en garantissant l'accès aux vaccins à tous les enfants, l'architecture du PEV est restée quasiment identique à celle utilisée il y a quarante ans.
Les systèmes d'approvisionnement sont archaïques, disposant d'un parc d'équipements de la chaîne du froid vieillissant (systèmes de réfrigération nécessaires pour maintenir les vaccins à une température spécifique) et de moyens limités pour assurer l'exactitude des données. Face à ces réalités, il est difficile de gérer et d'optimiser les stocks de vaccins, mais aussi d'atteindre chaque enfant.
Ces problèmes ne sont pas l'apanage de l'Afrique de l'Ouest; ils sont fréquents dans de nombreux pays en développement, pour la simple raison que la modernisation des outils coûte de l'argent. Cependant en rassemblant les demandes, il serait possible d'obtenir les fournitures et le matériel nécessaires à des prix tout à fait abordables. Par exemple, acheter des réfrigérateurs solaires avec des fonds communs favoriserait la stabilité et l'attractivité du marché permettant d'attirer de nouveaux fournisseurs, de stimuler la concurrence et de faire baisser les prix.
Lors de la création de gavi en 2000, c'est cette approche qui a été adoptée afin de garantir les prix les plus bas pour les vaccins. L'Alliance du Vaccin lève ainsi des fonds à grande échelle et les utilise pour garantir un financement prévisible à long terme pour les fabricants, ce qui permet d'attirer de nouveaux fournisseurs mais aussi de renforcer le marché. Gavi est parvenue à faire baisser de manière significative le prix des vaccins nouveaux et sous-utilisés -jusqu'à 90% dans certains cas. Cela a permis à Gavi et à ses partenaires, comme l'UNICEF et l'OMS, d'introduire des vaccins ciblant entre autres les formes les plus courantes de pneumonie et de diarrhée, les deux maladies les plus meurtrières chez les enfants de moins de cinq ans.
Depuis 2000, 500 millions d'enfants ont été vaccinés et près de 7 millions de décès prématurés évités grâce aux programmes financés par l'Alliance. Désormais, en appliquant les mêmes principes à l'architecture sous-jacente des services de distribution des vaccins et autres services de santé, il est possible de générer de faire des économies: la communauté mondiale de la santé et les gouvernements peuvent ainsi créer des systèmes de santé plus robustes et plus résilients.
Après plus d'une année de pertes dramatiques aussi bien humaines et économiques que de désespoir, on est tenté de se réjouir de la fin de l'épidémie. Par ailleurs, avec deux vaccins contre le virus Ebola actuellement en phase d'essais cliniques, le monde devrait sans doute être mieux préparé. Cependant à moins d'une hausse considérable des taux de vaccination infantile et d'un renforcement des systèmes de santé, la situation ne va pas s'améliorer. La reconstruction ne se limite pas seulement à la lutte contre une maladie infectieuse; il s'agit également de combattre la pauvreté en garantissant à tous les enfants l'accès à la santé et particulièrement aux vaccins salvateurs.
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