Si on l'appelle le plus beau métier du monde, ce n'est pas pour rien.
A l'instar des parents, les enseignants sont responsables de former ceux qui incarneront le monde de demain, cette humanité pour laquelle chacun et surtout les plus idéalistes d'entre nous tissent des rêves de bonheur et de progrès. Les enseignants pour la plupart font partie de ces idéalistes. La plupart, si ce n'est tous, démarrent leur carrière avec le feu sacré.
Or, plus la motivation, la vocation sont grandes, plus rudes sont les déceptions et les épreuves, dans ce métier essentiellement relationnel.
Les rapports Debarbieux et Fotinos (2011) révèlent un malaise important chez les enseignants, qui estiment pour 49% d'entre eux ne pas être suffisamment formés aux difficultés du métier.
Quelles sont ces difficultés, que le grand public ignore ou du moins a tendance à minimiser?
Une enseignante que nous recevons en consultation témoigne: "J'ai subi dans les établissements, au cours de ma carrière, en vrac: dégradation de ma voiture, jets d'encre sur mes vêtements, insultes gravées sur un mur ou un bureau, serrures bouchées, jets de boulettes ou de stylos, attitudes de provocations incessantes, déformation de mon nom, refus de mon autorité, visites d'élèves inconnus devant ma porte de classe, agression verbale par une collègue devant toute une assemblée de profs, chuchotements à mon sujet de la part de mes charmants collègues, suspicion de la part de l'actuel chef d'établissement quand l'an dernier un tableau blanc s'est décroché du mur dans ma salle quand je l'ai tiré (du genre: "Que s'est-il passé ? Qu'avez-vous laissé faire aux élèves?")... "
Oui, la maltraitance peut venir d'en bas comme d'en haut.
Mais ce n'est pas tout. De plus en plus souvent les enseignants doivent faire face aux critiques des parents d'élèves, qui ont désormais tendance à protéger leurs enfants face aux sanctions, quand ils ne trouvent pas à critiquer le déroulement du programme ou les méthodes pédagogiques employées. Il faut dire que les enseignants ont pour leur part des réflexes malheureux dans la communication avec les parents. Les "convoquer", mettre un mot dans le carnet quand l'élève bavarde en classe (qu'y peut le parent? Il n'y est pas.), ou encore les rendre responsables à la place de l'enfant des devoirs du soir. Autant de méthodes qui, dans la plupart des cas, ne font qu'aggraver le problème, mais qui sont quasiment les seules cordes que les enseignants, démunis et en manque de formation, ont à leur arc.
De surcroît, quasiment tous les enseignants qui rencontrent des difficultés et que nous recevons en consultation témoignent de leur extrême solitude, de cette absence de solidarité de la part des collègues, du tabou même qui interdit un traitement transparent de leur souffrance, et enfin des jugements négatifs qu'ils subissent jusque dans leur entourage de la part de ceux, très nombreux, pour qui le métier de prof est avant tout un métier de privilégié. Ce qui souvent les paralyse au lieu de les inciter à chercher de l'aide.
Or, dans la plupart des cas, l'application de nouvelles stratégies relationnelles suffit à redonner une forme de sérénité et de confort dans le travail.
Ce dont les enseignants manquent probablement le plus dans leur formation, initiale et continue, c'est de ces outils d'analyse et d'intervention qui permettent de réguler de manière plus écologique les interactions dans lesquelles ils sont pris, afin de les apaiser. Qu'il s'agisse des élèves, des parents d'élèves, des collègues, de la hiérarchie.
Cette intelligence relationnelle, qui implique une approche audacieuse, souvent paradoxale et hors du "bon sens" -lorsque celui-ci n'a rien donné- ne peut s'inventer. Une formation systémique et stratégique et un suivi au cours de la carrière s'imposent, qui aillent au-delà des simples techniques de communication ("communication non violente" ou autres) dont l'application certes utile manque parfois de hauteur. Car c'est un changement de posture et de stratégie plus global qui est nécessaire pour sortir des écueils relationnels et du burn-out où tombe près d'un enseignant sur cinq, si l'on en croit l'enquête du Carrefour Santé social et de la MGEN (2011).
Alors à quand une formation initiale et continue à l'intelligence relationnelle pour les enseignants?
A quand un coaching personnalisé, remboursé par la MGEN (plutôt que ces visites d'inspecteurs angoissantes et infantilisantes), de ceux qui managent à longueur de journée des groupes nombreux d'individus souvent turbulents et parfois hostiles, avant qu'ils ne tombent dans le cercle vicieux du découragement, de la culpabilité et de la dépression ?
A quand un traitement qui tienne compte des problématiques relationnelles de cette profession, afin qu'elle redevienne autant que possible ce qu'elle est censée être, le plus beau métier du monde?
A l'instar des parents, les enseignants sont responsables de former ceux qui incarneront le monde de demain, cette humanité pour laquelle chacun et surtout les plus idéalistes d'entre nous tissent des rêves de bonheur et de progrès. Les enseignants pour la plupart font partie de ces idéalistes. La plupart, si ce n'est tous, démarrent leur carrière avec le feu sacré.
Or, plus la motivation, la vocation sont grandes, plus rudes sont les déceptions et les épreuves, dans ce métier essentiellement relationnel.
Les rapports Debarbieux et Fotinos (2011) révèlent un malaise important chez les enseignants, qui estiment pour 49% d'entre eux ne pas être suffisamment formés aux difficultés du métier.
Quelles sont ces difficultés, que le grand public ignore ou du moins a tendance à minimiser?
Une enseignante que nous recevons en consultation témoigne: "J'ai subi dans les établissements, au cours de ma carrière, en vrac: dégradation de ma voiture, jets d'encre sur mes vêtements, insultes gravées sur un mur ou un bureau, serrures bouchées, jets de boulettes ou de stylos, attitudes de provocations incessantes, déformation de mon nom, refus de mon autorité, visites d'élèves inconnus devant ma porte de classe, agression verbale par une collègue devant toute une assemblée de profs, chuchotements à mon sujet de la part de mes charmants collègues, suspicion de la part de l'actuel chef d'établissement quand l'an dernier un tableau blanc s'est décroché du mur dans ma salle quand je l'ai tiré (du genre: "Que s'est-il passé ? Qu'avez-vous laissé faire aux élèves?")... "
Oui, la maltraitance peut venir d'en bas comme d'en haut.
Lire aussi:
- Soigner la dépression professionnelle par Marc Willard
- Le travail à la maison en question par Philippe Meirieu
- Rentrée des classes: le stress des nouveaux enseignants
Mais ce n'est pas tout. De plus en plus souvent les enseignants doivent faire face aux critiques des parents d'élèves, qui ont désormais tendance à protéger leurs enfants face aux sanctions, quand ils ne trouvent pas à critiquer le déroulement du programme ou les méthodes pédagogiques employées. Il faut dire que les enseignants ont pour leur part des réflexes malheureux dans la communication avec les parents. Les "convoquer", mettre un mot dans le carnet quand l'élève bavarde en classe (qu'y peut le parent? Il n'y est pas.), ou encore les rendre responsables à la place de l'enfant des devoirs du soir. Autant de méthodes qui, dans la plupart des cas, ne font qu'aggraver le problème, mais qui sont quasiment les seules cordes que les enseignants, démunis et en manque de formation, ont à leur arc.
De surcroît, quasiment tous les enseignants qui rencontrent des difficultés et que nous recevons en consultation témoignent de leur extrême solitude, de cette absence de solidarité de la part des collègues, du tabou même qui interdit un traitement transparent de leur souffrance, et enfin des jugements négatifs qu'ils subissent jusque dans leur entourage de la part de ceux, très nombreux, pour qui le métier de prof est avant tout un métier de privilégié. Ce qui souvent les paralyse au lieu de les inciter à chercher de l'aide.
Or, dans la plupart des cas, l'application de nouvelles stratégies relationnelles suffit à redonner une forme de sérénité et de confort dans le travail.
Ce dont les enseignants manquent probablement le plus dans leur formation, initiale et continue, c'est de ces outils d'analyse et d'intervention qui permettent de réguler de manière plus écologique les interactions dans lesquelles ils sont pris, afin de les apaiser. Qu'il s'agisse des élèves, des parents d'élèves, des collègues, de la hiérarchie.
Cette intelligence relationnelle, qui implique une approche audacieuse, souvent paradoxale et hors du "bon sens" -lorsque celui-ci n'a rien donné- ne peut s'inventer. Une formation systémique et stratégique et un suivi au cours de la carrière s'imposent, qui aillent au-delà des simples techniques de communication ("communication non violente" ou autres) dont l'application certes utile manque parfois de hauteur. Car c'est un changement de posture et de stratégie plus global qui est nécessaire pour sortir des écueils relationnels et du burn-out où tombe près d'un enseignant sur cinq, si l'on en croit l'enquête du Carrefour Santé social et de la MGEN (2011).
Alors à quand une formation initiale et continue à l'intelligence relationnelle pour les enseignants?
A quand un coaching personnalisé, remboursé par la MGEN (plutôt que ces visites d'inspecteurs angoissantes et infantilisantes), de ceux qui managent à longueur de journée des groupes nombreux d'individus souvent turbulents et parfois hostiles, avant qu'ils ne tombent dans le cercle vicieux du découragement, de la culpabilité et de la dépression ?
A quand un traitement qui tienne compte des problématiques relationnelles de cette profession, afin qu'elle redevienne autant que possible ce qu'elle est censée être, le plus beau métier du monde?
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