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Qui veut un remède contre l'alcoolisme?

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Le Baclofène est désormais autorisé comme médicament de sevrage contre l'alcoolisme. Celui qui s'est battu pour cela pendant dix ans, est mort il y a quelques mois, sans avoir vu cette consécration de ses efforts. Médecin, alcoolique dépendant, Olivier Ameisen avait expérimenté sur lui-même ce traitement et en avait en quelque sorte établi le protocole. Il avait réussi non seulement à se sevrer, à supprimer l'alcool de sa vie, mais, mieux, à supprimer sa dépendance à l'alcool : il se disait capable de prendre un verre sans pour autant replonger, sans pour autant éprouver le besoin du deuxième ni des suivants...

Lorsqu'en 2009 nous avions voulu faire connaître cet espoir nouveau pour tant d'alcooliques en France, et avions produit l'émission spéciale "Se libérer de l'alcool !" avec Elise Lucet pour France 2, nous avions pu mesurer combien cette découverte gênait. Combien d'intérêts en place dans le "business" de l'alcool ainsi que de la lutte contre l'alcoolisme, risquaient de se voir mis en cause si la prise d'un médicament, connu depuis 50 ans dans d'autres indications, pas cher, bien toléré, devenait une sorte de remède miracle.

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Ce sont les malades eux-mêmes qui ont interrogé leurs médecins généralistes, qui ont désiré essayer : ils voulaient sincèrement se débarrasser de leur addiction et étaient prêts à prendre des risques pour eux-mêmes tant il leur semblait que le pire risque était de continuer à boire sans réussir à s'en empêcher. Mais la première réaction de la profession en France était globalement négative. En tous cas, disaient ses représentants, pas question de le prescrire s'il n'y avait pas d'abord un essai...

Sauf qu'après quelques années, un "vieux" médicament n'est plus la propriété intellectuelle de son laboratoire d'origine. Une fois devenu générique il appartient à tous. Revers de la médaille, plus personne n'est disposé à investir pour faire un essai sur une cohorte de malades. Une fois que c'est l'intérêt de tous, ce n'est plus l'intérêt de personne... Sauf des malades et de leur famille. C'est dans ce cas aux pouvoirs publics qu'il revient d'imaginer et de financer un essai. Comme les pressions sont alors nombreuses pour que cet essai se fasse dans des conditions de dosage et de délai qui le feraient échouer d'avance ! L'objectif économique pour la collectivité est évidemment majeur mais personne ne gère d'une même main les économies que ferait la Sécu s'il n'y avait plus d'alcoolique en France et ce qu'il faut dépenser pour faire un véritable essai...

C'est donc grâce à la bienveillance de certains médecins qui ont accepté, se mettant en risque de responsabilité en cas de pépin, de prescrire depuis 10 ans cette substance dans une indication qui n'était pas autorisée, que ce traitement a pu faire ses preuves pour tant de malades. Heureusement, désormais les médecins seront "couverts" : les voici autorisés à prescrire le Baclofène et à donner une chance à leurs malades de sortir du cycle infernal de l'addiction et au pays d'avoir moins d'alcooliques. 

Cette révolution du traitement de l'alcool a pu s'opérer grâce à la volonté des malades, parfaitement informés du traitement, en particulier sur les différents sites internet. Ce sont eux qui ont voulu l'essayer et l'ont adopté. Les malades deviennent experts de leur propre maladie sans autre critère que leur propre santé, quand les professionnels ont aussi des habitudes, des conservatismes voire des intérêts. Les pouvoirs publics entérinent à juste titre cette modalité nouvelle. Mais ils marquent ainsi une étape dans un renversement en cours de la relation entre les malades et le système de santé. 

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