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Le sepsis, ce tueur inconnu

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Le sepsis qui désigne les conséquences néfastes sur les fonctions vitales des infections graves est à l'origine de plus de 30.000 morts par an en France, soit environ autant que le cancer du poumon, plus que ceux dus à l'infarctus du myocarde et neuf fois plus que le nombre de tués sur les routes!

Un malade décède du sepsis dans le monde toutes les 3 secondes et pourtant 90% des Français ignorent l'existence de ce tueur de masse. Le sepsis est devenu un problème de santé publique de plus en plus préoccupant car sa fréquence augmente partout du fait de l'agressivité des traitements modernes sur l'immunité et du vieillissement des populations, avec des patients de plus en plus âgés et donc fragiles, porteurs de pathologies chroniques lourdes.

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La Journée Mondiale de Lutte contre le Sepsis qui vient d'avoir lieu le 12 septembre à Paris a réuni les plus grands spécialistes francophones, médecins, infirmiers et chercheurs à l'Institut Pasteur. Ils ont souligné le problème majeur que représente le sepsis en santé publique et rappelé le lien qui existe entre le sepsis et les décès dus à Ebola.

Cette journée a démontré le besoin impérieux d'intervenir à au moins quatre niveaux: la recherche, le soin, la formation et la prévention.

Il existe de nombreuses équipes de recherche travaillant sur ce sujet, plusieurs pistes innovantes se sont dégagées et il est urgent de les investiguer.

D'abord, il faut combler, en France tout spécialement, le manque d'études épidémiologiques précises incluant des données médico-économiques. La mise en place d'une bio-banque afin de conserver les prélèvements de patients ayant eu un sepsis particulièrement grave et brutal permettrait de bien comprendre, sur une large cohorte de patients, le rôle exact des variations génétiques. La réalisation de modèles animaux plus proches des anomalies observées chez l'homme serait enfin très utile. Un débat sur leur usage a laissé entendre que des efforts étaient nécessaires pour sortir du modèle souris exclusif, source de nombreuses désillusions, et que des études en partenariat avec les vétérinaires devraient se mettre en place pour définir de nouveaux modèles animaux pertinents.

Il a été démontré que la rapidité du diagnostic du sepsis pour initier le traitement est un facteur important de la guérison. Cependant, ce diagnostic est souvent difficile et nécessite une éducation précise de l'ensemble des acteurs de la chaine de soins, incluant l'ensemble des professionnels en ville, en pré-hospitalier (SAMU) et à l'hôpital. La recherche de biomarqueurs précoces pour aider le diagnostic est également cruciale et doit être renforcée. Des protocoles de prise en charge de ces patients ont montré leur efficacité en participant à la baisse globale de la mortalité hospitalière de 35 à 25 % dans les pays développés. Ils doivent d'urgence être appliqués partout en France.

Mais le meilleur traitement du sepsis est avant tout préventif avec un bon usage des antibiotiques, tant en ville qu'à l'hôpital, et un programme de prévention des infections liées aux soins.

Tout d'abord, la résistance aux antibiotiques est un problème majeur de santé publique en augmentation constante. Elle complique singulièrement le traitement du sepsis et accroît considérablement la mortalité lorsque le traitement antibiotique initial est inefficace Par ailleurs, 500 000 cas d'infections liées aux soins surviennent par jour dans le monde avec 30 à 40% des cas de sepsis liés à des infections liées aux soins. L'hygiène des mains par l'utilisation de solutés hydro-alcooliques et les précautions d'hygiène standard sont tout simplement les armes les plus efficaces pour prévenir ces infections mais des progrès restent à faire.

Malgré les nombreux échecs des années passées pour la mise en place de nouveaux traitements ciblant la réponse de l'hôte, de nouvelles pistes thérapeutiques ont été présentées.

Cependant celles-ci nécessitent encore de très nombreux efforts pour en apprécier l'intérêt et la faisabilité. A noter que l'on s'achemine vers une approche thérapeutique personnalisée, requérant de nouveaux biomarqueurs pour définir le profil des patients qui en bénéficieraient afin d'adapter au mieux les nouvelles thérapies.

Autant d'efforts à produire en ville comme à l'hôpital, en matière de recherche comme dans la prévention et les soins pour réduire le nombre de morts et éviter des séquelles graves comme les amputations, lésions pulmonaires, rénales, neurologiques ou motrices. Des progrès ont été réalisés mais il reste encore à coordonner toutes ces actions dans un plan de lutte concerté, seul garant d'une efficacité au bénéfice de la santé de tous.

_______________________
[1] Selon un Sondage Opinion Way réalisé en août 2014
[2] Détails sur le colloque organisé à l'Institut Pasteur sur le site de la journée mondiale de lutte contre le sepsis


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