Je suis cinéaste, je m'exprime avec des films. Sur le corps des femmes et le droit de choisir, j'ai réalisé deux films. Le premier en 1975, Réponse de femmes, est un court-métrage de 8 minutes, un tract féministe dit la revendication de la libre disposition du corps des femmes par elles-mêmes. Parmi les 7 femmes interrogées, certaines disaient ne pas vouloir d'enfant, l'une enceinte et nue, riait à gorge déployée, d'autres fustigeaient la publicité faite à partir du corps des femmes.
Le second film est sorti en 1977, L'une chante, l'autre pas, et relate dix années de lutte de femmes en France. Jusqu'à la loi Veil. Valérie Mairesse joue une jeune fille révoltée, militante, engagée, et chanteuse dans un groupe de musique. Thérèse Liotard joue une femme simple, sans histoire, qui a déjà deux enfants mais n'en veut pas d'autres. Toutes deux ont des destins foncièrement différents. C'est le temps des manifs féministes pour autoriser l'avortement, le temps du "Procès de Bobigny", des chansons engagées, des rires et de l'amitié entre les femmes.
En 1971, j'ai signé le manifeste des 343, publié dans le Nouvel Observateur. Nous disions à la justice de venir oser nous juger, nous femmes, qui déclarions avoir avorté, illégalement donc. Il ne s'agissait pas d'une confession, mais d'un acte politique pour que justice éclate. On dénonçait la justice de classe. Les conditions d'avortement d'alors étaient déplorables, les femmes bénéficiant d'une bonne situation trouvaient un médecin en Suisse ou en Angleterre, tandis que celles sans argent s'arrangeaient avec une voisine pour le faire dans une salle de bains... à leurs risques... et on les mettait en prison. D'autres en mouraient.
La force de Simone Veil en 1974 a été d'insister sur le côté dangereux de l'avortement clandestin et des conséquences graves pour la santé. Elle était Ministre de la Santé. Elle a été insultée. Si elle avait dit "le corps des femmes n'appartient qu'à elles", on l'aurait lynchée.
Dans le film L'une chante, l'autre pas, j'avais écrit cette chanson:
Ce n'est pas plus papa
Que le Pape ou le roi
Le juge ou le docteur
Ou le législateur
Qui me feront la loi
Biologie n'est pas destin
Et la voix de papa ne vaut plus rien
Mon corps est à moi
Et c'est moi qui sait
Si je veux ou pas
Mettre bas
Faire en ce bas-monde
Des enfants ou pas
Être plate ou ronde
J'ai le choix
Mon corps est à moi
Mon corps est à moi
On ne pouvait pas dire cela à l'Assemblée nationale... Pas même le suggérer.
Aujourd'hui, les problèmes des femmes restent préoccupants. Pas seulement la contraception et l'avortement. Oui, les gynécologues ont encore le droit de faire valoir leur clause de conscience pour refuser de faire des avortements pourtant légaux dans un pays pourtant laïc. Tous les jours, des femmes meurent des violences des hommes et de la misogynie. Etc. Les droits des femmes se mettent en place et avancent, lentement, mais ils avancent.
Le second film est sorti en 1977, L'une chante, l'autre pas, et relate dix années de lutte de femmes en France. Jusqu'à la loi Veil. Valérie Mairesse joue une jeune fille révoltée, militante, engagée, et chanteuse dans un groupe de musique. Thérèse Liotard joue une femme simple, sans histoire, qui a déjà deux enfants mais n'en veut pas d'autres. Toutes deux ont des destins foncièrement différents. C'est le temps des manifs féministes pour autoriser l'avortement, le temps du "Procès de Bobigny", des chansons engagées, des rires et de l'amitié entre les femmes.
En 1971, j'ai signé le manifeste des 343, publié dans le Nouvel Observateur. Nous disions à la justice de venir oser nous juger, nous femmes, qui déclarions avoir avorté, illégalement donc. Il ne s'agissait pas d'une confession, mais d'un acte politique pour que justice éclate. On dénonçait la justice de classe. Les conditions d'avortement d'alors étaient déplorables, les femmes bénéficiant d'une bonne situation trouvaient un médecin en Suisse ou en Angleterre, tandis que celles sans argent s'arrangeaient avec une voisine pour le faire dans une salle de bains... à leurs risques... et on les mettait en prison. D'autres en mouraient.
La force de Simone Veil en 1974 a été d'insister sur le côté dangereux de l'avortement clandestin et des conséquences graves pour la santé. Elle était Ministre de la Santé. Elle a été insultée. Si elle avait dit "le corps des femmes n'appartient qu'à elles", on l'aurait lynchée.
Dans le film L'une chante, l'autre pas, j'avais écrit cette chanson:
Ce n'est pas plus papa
Que le Pape ou le roi
Le juge ou le docteur
Ou le législateur
Qui me feront la loi
Biologie n'est pas destin
Et la voix de papa ne vaut plus rien
Mon corps est à moi
Et c'est moi qui sait
Si je veux ou pas
Mettre bas
Faire en ce bas-monde
Des enfants ou pas
Être plate ou ronde
J'ai le choix
Mon corps est à moi
Mon corps est à moi
On ne pouvait pas dire cela à l'Assemblée nationale... Pas même le suggérer.
Aujourd'hui, les problèmes des femmes restent préoccupants. Pas seulement la contraception et l'avortement. Oui, les gynécologues ont encore le droit de faire valoir leur clause de conscience pour refuser de faire des avortements pourtant légaux dans un pays pourtant laïc. Tous les jours, des femmes meurent des violences des hommes et de la misogynie. Etc. Les droits des femmes se mettent en place et avancent, lentement, mais ils avancent.
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