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Formation des jeunes cliniciens: aidez-nous, Madame Vallaud-Belkacem

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SANTÉ - Jean-Baptiste Legouis m'a offert à lire un article de Yann Diener, article publié dans Charlie Hebdo, n° 1183, du 25 mars 2015.

Dans ma brève publiée dans le Huffington Post de la semaine dernière, j'avais démontré qu'il est possible de construire un projet de santé mentale française avec ce que nous avons, à savoir, les bâtiments publics et les étudiants de psychiatrie et de psychologie qui souhaitent devenir des psychothérapeutes ou des psychanalystes. La consultation publique de psychanalyse (CPP) en est la preuve.

Ce lieu, pour l'heure unique et privé, sis dans le IXe arrondissement de la capitale, permet à des étudiants -au grand dam des universités- de recevoir des patients en provenance d'un front social ravagé qui payent en fonction de leur moyen. Les étudiants -ou frais diplômés- ne sont pas laissés seuls face à cette clinique exigeante, ils sont pris en charge par un superviseur, travaillent à des groupes de lecture, réunions cliniques et participent à des séminaires. Cette organisation ne coûte pas un cent à l'Etat, crée du travail pour les jeunes et diminue la liste de cette armée grandissante de psychistes au chômage ou payé au rabais tout en offrant aux êtres en souffrance une autre voie que celle de garage.

Dans cette même brève je signale qu'avec une petite équipe comme la mienne, 14 cliniciens, plus de la moitié m'avait rencontré alors qu'ils avaient la vingtaine ont, aujourd'hui, entre 28 et 31 ans -4 plus de quarante ans- nous avons déclaré plus d'un demi-million au trésor public pour notre exercice professionnel de l'année 2014. Notre école de psychanalyse, le RPH, Réseau pour la psychanalyse à l'hôpital, n'a pas et n'a jamais demandé de subvention: les vieux cliniciens cotisent plus que les nouveaux cliniciens pour maintenir nos activités. Et cela sans négliger la logique de Freud en 1918, à savoir, d'apporter l'aide psychique ou plus démunis de nos concitoyens.

Les CMPs ferment parce qu'ils sont caduques. Ces Centres Médicaux Psychologiques, créés dans les années 60, sont aujourd'hui amplement dépassés par le nombre de demandes de patients et le manque de professionnels. Il faut réformer leur politique et leur stratégie clinique car le principe même de la "liste d'attente" en santé mentale est un oxymore. Cette réforme passe par notre manière de faire au sein de notre Consultation Publique de Psychanalyse.

Tous les jours de la semaine, cela veut dire samedi et dimanche inclus, des jeunes reçoivent, au nom de la clinique psychanalytique, en psychothérapie ou en psychanalyse, des personnes à bas revenus. Cela les forme à la clinique, les honore en tant que citoyens puisqu'ils commencent à gagner de l'argent avec le fruit de leurs études, tirent vers le haut celles et ceux qui leurs rendent visite puisque la consultation pourra être gratuite. Elle ne l'est pas d'emblée. Une telle logique de gratuité ne sert qu'à celles et ceux qui ne savent pas ce qu'est l'argent et combien d'efforts il faut pour le gagner.

M. a 25 ans. Il reçoit des patients tous les dimanches à partir de 8 heures du matin. Des discours infâmes se sont levés pour me tirer les oreilles car "ce jeune n'a pas encore son diplôme". Mais le diplôme, comme les stages de fin d'étude, pâles copies de la formation des infirmières et médecins, ne forgent pas une clinique de l'écoute, celle qui doit décider de la conduite de la cure, de la suspension de la séance, du diagnostic ou de la sortie du traitement. On garde des jeunes étudiants en psychologie pendant 5 ans dans les starting-blocks de la vie et une fois, armés d'une épée de papier, leur diplômes, ont les confie au Pôle Emploi. Je crie au sabotage contre la jeunesse.

Tous les membres de notre Ecole de psychanalyse acceptent de travailler à la logique freudienne, celle de recevoir des patients en difficulté financière. Ils dédient un temps de leur consultation à celles et ceux qui ne peuvent pas payer les fameux 70 euros de la caricature de Coco.

Pendant qu'au sein de notre association, la jeunesse est au rendez-vous clinique, des écoles vieilles, comme la SPP, donnent des consignes vertueuses à leurs praticiens pour les sensibiliser au moment où il faudra qu'ils se posent la question d'arrêter, selon l'article paru la semaine dernière dans le Monde.

La psychanalyse est vivante, les toiles d'araignées se trouvent dans le système de santé, si bien mis en évidence dans votre papier, Yann Diener. Elle se trouve aussi chez les psychanalystes qui s'accrochent à rester à l'université, dans les CMPs, dans les hôpitaux. Les institutions sont des lieux de passage pour un psychanalyste, et pas un nid douillet, en attendant la paye à la fin du mois et la retraite à la fin de la vie.

Ma proposition de modification de formation des jeunes cliniciens est viable, à condition de compter avec l'enthousiasme des ministres de la santé et de l'enseignement supérieur, comme des responsables des écoles de psychanalystes.

En attendant ce jour, je compte avec mon enthousiasme et celui des membres du RPH.

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