SANTÉ - Selon un sondage récent, 33% des français interrogés pourraient envisager d'abandonner la Sécurité Sociale, qui va bientôt "fêter" ses 70 ans d'ailleurs.
Si c'est vrai, c'est beaucoup.
Il y a deux approches pour poser la question du maintien du système français : sur le plan du principe et du point de vue pratique de l'efficacité économique.
Sur le principe, vouloir abandonner la Sécurité Sociale revient à sortir d'une organisation de solidarité nationale quasi-totale, puisque presque aucune personne vivant sur le sol français n'est exclue de cette protection très forte, en particulier vis-à-vis de la prise en charge possiblement gratuite de la santé et de la maladie.
Concernant l'efficacité économique de la Sécu, questionner son intérêt amène à se demander si le système actuel dans son ensemble coûte plus ou moins cher que ce que ferait un modèle concurrentiel, où chacun irait souscrire un contrat avec l'assurance santé de son choix.
On spéculera que les personnes interrogées qui ont répondu "non" à ce sondage justifieraient leur choix par une combinaison de ces deux éléments : le principe d'interdépendance et la pertinence économique.
Sur l'efficacité économique de la Sécu, on gagne à élargir son champ visuel et à observer ce qui se passe aux États-Unis, pays exemplaire de l'anti-modèle en termes d'efficience. Les américains dépensent presque 18% de leur richesse nationale pour la santé, contre 11% pour les démocraties à revenus comparables et 12% pour la France. Schématiquement, ils dépensent donc en proportion 50% d'argent de plus que nous, pour un résultat très moyen puisqu'ils ne sont pas en meilleure santé, sans parler des inégalités majeures d'accès aux soins. Or, aux États-Unis, il n'existe pas - sauf pour les très pauvres et les personnes âgées - de système analogue à celui de l'Assurance Maladie et on compte plus de 5000 assurances privées qui travaillent de manière concurrentielle pour recruter leurs clients. Ce système coûte globalement très cher pour des raisons qui sont bien connues. Premièrement, la fragmentation des opérateurs augmente les frais administratifs et de gestion qui ne sont pas centralisés comme c'est le cas en France, laquelle centralisation permet de faire des économies substantielles. Deuxièmement, les dépenses de santé aux USA sont financées par la puissance publique à hauteur de seulement 50% contre 75% en moyenne pour les pays de l'OCDE. Cette participation limitée confère un moins grand pouvoir dans la négociation des prix des biens et services de soins, alors que les gouvernements plus impliqués peuvent se permettre un comportement activiste dans les discussions sur les prix. Ainsi, les tarifs des médecins et les prix des médicaments sont bien plus élevés aux États-Unis qu'en France par exemple. Troisième et dernièrement, ce qu'on appelle le mix de services - c'est-à-dire en fait les types de soins offerts - est bien plus cher aux États-Unis qu'ailleurs. Les américains font très souvent appel à la technologie la plus coûteuse, qui n'est pas nécessairement la meilleure. Les patients se voient beaucoup plus fréquemment proposer de nombreux tests dont la plupart sont peu utiles, des scanners et des IRM sans grand intérêt, les médicaments systématiquement les plus chers quand ils n'existent pas sous forme générique, ils vont trop souvent chez le médecin spécialiste par rapport au médecin généraliste, etc.
Passé ce rappel, on devrait se rendre compte que le raisonnement dénonçant la Sécu pour son supposé gaspillage intrinsèque n'est que superficiellement convaincant. Si l'on sortait en France du système actuel - ce qui parait très peu plausible à court et moyen terme - il fait peu de doute que l'on dépenserait plus pour la santé, à l'échelle collective et souvent même à l'échelle individuelle. Il ne s'agit pas de nier les faiblesses de notre système de soins. Il est évident qu'il génère une déperdition d'argent, d'énergie et même de valeur mais aucun système de soins n'est parfait. Il est juste nécessaire de défaire l'argument qui affirme qu'un système concurrentiel ferait baisser les prix et donc les dépenses de soins.
On en revient maintenant à la question posée par ce sondage. Normalement, les personnes ayant répondu "non" n'ont qu'une seule raison, qui leur semble sans doute bonne, de le faire : c'est de s'extraire d'un système de financement solidaire. C'est recevable mais c'est une raison qui relève de l'opinion et non des faits.
Si c'est vrai, c'est beaucoup.
Il y a deux approches pour poser la question du maintien du système français : sur le plan du principe et du point de vue pratique de l'efficacité économique.
Sur le principe, vouloir abandonner la Sécurité Sociale revient à sortir d'une organisation de solidarité nationale quasi-totale, puisque presque aucune personne vivant sur le sol français n'est exclue de cette protection très forte, en particulier vis-à-vis de la prise en charge possiblement gratuite de la santé et de la maladie.
Concernant l'efficacité économique de la Sécu, questionner son intérêt amène à se demander si le système actuel dans son ensemble coûte plus ou moins cher que ce que ferait un modèle concurrentiel, où chacun irait souscrire un contrat avec l'assurance santé de son choix.
On spéculera que les personnes interrogées qui ont répondu "non" à ce sondage justifieraient leur choix par une combinaison de ces deux éléments : le principe d'interdépendance et la pertinence économique.
Sur l'efficacité économique de la Sécu, on gagne à élargir son champ visuel et à observer ce qui se passe aux États-Unis, pays exemplaire de l'anti-modèle en termes d'efficience. Les américains dépensent presque 18% de leur richesse nationale pour la santé, contre 11% pour les démocraties à revenus comparables et 12% pour la France. Schématiquement, ils dépensent donc en proportion 50% d'argent de plus que nous, pour un résultat très moyen puisqu'ils ne sont pas en meilleure santé, sans parler des inégalités majeures d'accès aux soins. Or, aux États-Unis, il n'existe pas - sauf pour les très pauvres et les personnes âgées - de système analogue à celui de l'Assurance Maladie et on compte plus de 5000 assurances privées qui travaillent de manière concurrentielle pour recruter leurs clients. Ce système coûte globalement très cher pour des raisons qui sont bien connues. Premièrement, la fragmentation des opérateurs augmente les frais administratifs et de gestion qui ne sont pas centralisés comme c'est le cas en France, laquelle centralisation permet de faire des économies substantielles. Deuxièmement, les dépenses de santé aux USA sont financées par la puissance publique à hauteur de seulement 50% contre 75% en moyenne pour les pays de l'OCDE. Cette participation limitée confère un moins grand pouvoir dans la négociation des prix des biens et services de soins, alors que les gouvernements plus impliqués peuvent se permettre un comportement activiste dans les discussions sur les prix. Ainsi, les tarifs des médecins et les prix des médicaments sont bien plus élevés aux États-Unis qu'en France par exemple. Troisième et dernièrement, ce qu'on appelle le mix de services - c'est-à-dire en fait les types de soins offerts - est bien plus cher aux États-Unis qu'ailleurs. Les américains font très souvent appel à la technologie la plus coûteuse, qui n'est pas nécessairement la meilleure. Les patients se voient beaucoup plus fréquemment proposer de nombreux tests dont la plupart sont peu utiles, des scanners et des IRM sans grand intérêt, les médicaments systématiquement les plus chers quand ils n'existent pas sous forme générique, ils vont trop souvent chez le médecin spécialiste par rapport au médecin généraliste, etc.
Passé ce rappel, on devrait se rendre compte que le raisonnement dénonçant la Sécu pour son supposé gaspillage intrinsèque n'est que superficiellement convaincant. Si l'on sortait en France du système actuel - ce qui parait très peu plausible à court et moyen terme - il fait peu de doute que l'on dépenserait plus pour la santé, à l'échelle collective et souvent même à l'échelle individuelle. Il ne s'agit pas de nier les faiblesses de notre système de soins. Il est évident qu'il génère une déperdition d'argent, d'énergie et même de valeur mais aucun système de soins n'est parfait. Il est juste nécessaire de défaire l'argument qui affirme qu'un système concurrentiel ferait baisser les prix et donc les dépenses de soins.
On en revient maintenant à la question posée par ce sondage. Normalement, les personnes ayant répondu "non" n'ont qu'une seule raison, qui leur semble sans doute bonne, de le faire : c'est de s'extraire d'un système de financement solidaire. C'est recevable mais c'est une raison qui relève de l'opinion et non des faits.
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