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Doit-on s'inquiéter d'un retour du virus Ebola après plusieurs cas en Guinée?

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SANTÉ - La simple évocation de son nom fait peur. Le virus Ebola a refait son apparition dans des pays d'Afrique de l'Ouest presque deux ans après avoir cessé de faire parler de lui. La dernière épidémie médiatisée remonte à l'été 2012 et avait frappé l'Ouganda et la République démocratique du Congo.

Alors que plusieurs dizaines de personnes sont mortes en Guinée, six cas suspects ont été détectés au Liberia et deux en Sierra Leone ce mardi 25 mars. La recrudescence de ces cas suspects ainsi que la possible propagation de l'épidémie à de quoi sérieusement inquiéter la Guinée ainsi que ses voisins. Le HuffPost fait le point sur la situation.

L'Ebola, un virus aux origines mystérieuses


"La fièvre hémorragique à virus Ebola est l’une des maladies virales les plus virulentes connues chez l’homme", met en garde le site de l'Organisation mondiale de la Santé sur son site. Identifié pour la première fois en 1976 en République Démocratique du Congo (appelé Zaïre à l'époque), ce virus qui se développe essentiellement en Afrique reste à de nombreux égards un mystère.

Son origine par exemple n'est pas certaine. Les scientifiques pensent que ce sont certaines espèces de chauves-souris vivant dans les forêts tropicales d’Afrique centrale et d’Afrique de l’ouest qui constituent les principales réserves du virus. "Porteuses des virus, elles ne présentent pas de symptômes et semblent contaminer les grands singes et les humains par leurs fientes ou leurs morsures", explique Médecins sans frontières. Chez l'homme, le virus Ebola se transmet également par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus des sujets infectés mais aussi par le contact avec des animaux infectés.

Après une période d'incubation qui varie entre deux et vingt-et-un jours, les symptômes comme la fièvre, des céphalées et des diarrhées se font ressentir. S'en suivent des vomissements ainsi que des hémorragies internes comme externes qui dans de nombreux cas entraînent la mort.

Depuis la découverte du virus, "environ 2200 cas, dont plus de 1500 mortels, ont été recensés", selon Médecins sans frontières. "Mais il est certain que des cas sporadiques ou même des épidémies ne sont pas détectés, car ils interviennent dans des endroits si reculés que la population n’a pas accès aux soins", ajoute encore MSF.

Pourquoi le virus Ebola fait-il si peur?


Le premier élément de réponse se trouve sans doute dans le traitement de cette maladie. C'est simple, il n'y en a tout simplement pas. Un peu inquiétant quand on sait que ce virus est mortel dans 25% à 90% des cas. Quant à la création d'un vaccin contre cette maladie, ce n'est sans doute pas pour tout de suite.

"Si plusieurs pays s’y intéressent pour parer des menaces de guerre bactériologique ou de bioterrorisme, la recherche est limitée. Le nombre peu élevé d’épidémies et de malades ne facilite pas les investigations. Pour développer des vaccins, il faudrait avoir suffisamment de volontaires", souligne MSF.

Le seul moyen de lutter contre la propagation de l'épidémie est liée à la prévention, à l'information des populations et au confinement des malades, ce à quoi travaillent activement actuellement le ministère guinéen de la Santé et les organisations internationales.

Le caractère rare du virus Ebola comme le haut taux de mortalité qu'il engendre nourrit par ailleurs les fantasmes. Le virus a en effet inspiré de nombreux scénarios de films ou de téléfilms catastrophes. Citons un exemple parmi d'autres, le film "Alerte" avec Dustin Hoffman sorti en 1995. Cette fiction raconte l'introduction d'un virus mortel dans une petite ville des Etats-Unis à cause d'un signe importé du Zaïre. Le virus fictif "Motaba" y présente des similitudes avec le virus Ebola.


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L'absence de traitement, la forte mortalité et le fantasmes, autant d'ingrédients pour rendre le virus Ebola terrifiant.

Doit-on s'inquiéter d'un retour du virus Ebola?


Depuis sa découverte en 1976, le virus a essentiellement sévi dans des pays d'Afrique de l'Ouest comme en République démocratique du Congo, au Gabon ou en Ouganda. En dehors du continent africain, certains cas ont été constatés sur des animaux comme aux Etats-Unis ou aux Philippines mais sans toucher d'êtres humains.

Concernant cette nouvelle épidémie, au niveau mondial, aucune alerte n'a été donnée pour le moment. Lundi 24 mars, au Canada, un homme a été hospitalisé peu après son retour d'Afrique de l'Ouest. Si le virus Ebola était suspecté, un des porte-paroles de l'Organisation mondiale de la santé a cependant infirmé ce mardi sur Twitter ces soupçons. Tout comme un porte-parole du ministère canadien de la Santé qui a indiqué que le test pour l'Ebola est négatif.




Des voisins inquiets

D'un point de vue régional en revanche, le virus peut se révéler inquiétant. Au Liberia, le ministre de la Santé, Walter Gwenigale, a indiqué lundi 24 mars dans un communiqué que "jusqu'à ce matin (lundi), six cas (de fièvres hémorragiques) ont été détectés, dont cinq sont déjà morts: quatre femmes et un enfant de sexe masculin". Il a précisé que le sixième cas était une fillette, actuellement "sous traitement".

Ces personnes, dont les nationalités n'ont pas été précisées, étaient venues du sud de la Guinée pour se faire soigner dans des hôpitaux du nord du Liberia, dans la région de Lofa, près de la frontière, selon le ministre. Ce sont "des gens qui sont venus à des funérailles en Guinée et qui sont retournés chez eux" au Liberia, dans une zone frontalière, a indiqué Marie-Christine Ferir, responsable des situations de crise de Médecins sans frontières (MSF), à l'AFP à Bruxelles.

Il existe "des liens familiaux" dans cette région à cheval sur les deux pays, "les gens viennent assister à des funérailles d'un côté et malheureusement ils se contaminent sans le savoir et ils retournent chez eux après", a-t-elle dit. Selon le ministre libérien, des inspecteurs libériens de santé "enquêtent déjà sur la situation (...), font des prélèvements sanguins et sensibilisent les autorités sanitaires sur la maladie".

Deux cas suspects ont par ailleurs été enregistrés en Sierra Leone, a annoncé mardi 25 mars le ministère sierra-léonais de la Santé. "Hier (lundi), nous avons été informés de cas suspects dans le district de Kambia (nord), à la frontière avec la Guinée", et également à Kono (est), mais non encore confirmés, a déclaré à la presse à Freetown Brima Kargbo, médecin chef et responsable au ministère de la Santé.

Selon lui, un des deux cas suspects était un garçon de 14 ans, probablement mort il y a deux semaines en Guinée et dont le corps a ensuite été transporté dans son village dans la zone de Kono. Le second cas suspect a été recensé dans la zone de Kambia mais il est en vie, a-t-il indiqué, sans plus de détails. Pour l'heure, "nous n'avons aucun cas confirmé d'Ebola dans le pays. Ce que nous avons, ce sont des cas suspects, et nos équipes sanitaires sur le terrain mènent les enquêtes et font des prélèvements d'échantillons sur des gens qui sont entrés en contact avec ces cas suspects", a-t-il précisé. "C'est la première fois qu'une telle menace sur la santé du pays franchit nos frontières. Dans tous les cas, nous sommes prêts et en état d'alerte si jamais la maladie (due au virus d'Ebola) était diagnostiquée en Sierra Leone", a ajouté Brima Kargbo.

Le Sénégal, la Côte d'Ivoire et le Mali ont de leur côté annoncé avoir réactivé leur système de surveillance épidémiologique. En Sierra Leone voisine, des contacts ont eu lieu avec le gouvernement guinéen et des équipes médicales ont été envoyées à la frontière avec la Guinée.

"A ce jour, aucun cas suspect de fièvre hémorragique à virus d'Ebola n'a été signalé sur le territoire malien", a affirmé le gouvernement malien dans un communiqué. En dépit des mesures de prévention prises, il y a des "risques réels de propagation" du virus Ebola en Côte d'Ivoire, car "la maladie peut facilement voyager", a affirmé à l'AFP à Abidjan Simplice Dagnan, directeur général de l'Institut ivoirien d'hygiène publique. "Les animaux (qui véhiculent le virus) ne connaissent pas de frontière", a-t-il ajouté.

En Guinée, 60 décès en trois mois

Quant à la Guinée, elle essaye tant bien que mal de circonscrire le virus en évitant sa propagation. A Conakry, le ministère de la Santé et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont indiqué dans un communiqué que "la Guinée a enregistré du mois de janvier au 23 mars un nombre total de 87 cas suspects de fièvre hémorragique virale dont 61 décès", essentiellement dans le Sud. De premières analyses d'échantillons effectuées par l'Institut Pasteur de Lyon, en France, ont montré que ces cas de fièvre dans le sud de la Guinée étaient dus au virus Ebola.

La situation dans la capitale du pays est en revanche plus floue. Les trois cas de fièvre hémorragique ayant provoqué deux morts à Conakry ne sont pas dus au virus Ebola, mais la nature de cette fièvre "reste à déterminer", a déclaré à l'AFP le Dr Sakoba Keïta du ministère guinéen de la Santé après avoir reçu les premiers résultats d'analyses à l'Institut Pasteur de Dakar. Des déclarations qui contredisent les informations données dimanche par l'Unicef affirmant que la maladie, due à Ebola, s'était "propagée rapidement" du Sud à Conakry.

Le ministère guinéen de la Santé a demandé aux populations de garder "calme et sérénité" car "la maladie reste circonscrite et sous contrôle". Le ministère et ses partenaires ont notamment décidé le traitement gratuit de tous les malades dans des centres d'isolement, le traitement spécifique des corps des malades décédés et le recensement de toutes les personnes qui ont eu des contacts directs avec les malades morts - en particulier le personnel médical - et ceux présentant des signes de fièvre, diarrhée, vomissement, fatigue prononcée et/ou saignement.

Des équipes de MSF et de l'OMS, déjà présentes en Guinée, vont être renforcées pour participer à la mise en place de ces mesures et distribuer des kits d'hygiène et de protection individuelle dans les zones touchées. MSF a une trentaine de personnes en Guinée, où sont aussi attendus des spécialistes des Instituts Pasteur de Dakar et Lyon.

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